mardi 30 mars 2010

jardin c bien

j'aime bien l'idée de sabrina et clementine du jardin a la francaise dans cette cour qui est deja typée .je pense au decameron de boccace , les jeunes gens utilisent le jardin pour se laisser aller a se raconter des histoires mais la ou il y a boccace salo n'est pas loin, pour enlever le coté niais du jardin
ce ne serait pas une oeuvre mais un endroit pour parler des oeuvres, qui sont au palais . pas de palais sans jardin
le jardin .. c bien
et puis les haies peuvent marcher comme des formes rassurantes dans cette cour un peu , centrifuge ( on se regroupe plutôt sur les bords..) des haies- meubles parralepipede rectangulaire peit en vert ..., un arbre cube ( aupres de mon arbre )

je pense que pour crée un climat propice au commentaire, moins intelligible au premier abord ..


les modules de CHARLOTTE POSENENSKE
(retrospective palais de tokyo en ce moment )
j'ai vu une photo d'un de ces vernissages en 1967 ces modules reproductions en cartons de pieces industrielles en metal marchent comme des formes rassurantes , a l'origine 'forme industrielle froide' les gens présent sourient en regardant les sculptures et passent un bon moment

c exactement l'idée des haies- meubles , arbre cube ,
faut voir que cet été ça va taper , un peu d'ombre ,
constructivists surrealistes alice au pays des merveilles et l'arbre cube TeleteubiZ........................................................
la salle informatique ferme
louis

dimanche 21 mars 2010

Jean-Luc Godard

Cette phrase de Jean-Luc Godard extraite du film "Notre Musique": si je me suis bien fait comprendre c'est que je me serais mal exprimé.
bien à vous
yves caro

samedi 20 mars 2010

"La parole de l'artifice" - nouvelle intro au projet

Bonjour,
J'ai rajouté un passage sur le storytelling qui est essentiel depuis le début des Interlocuteurs, mais qui n'avait pas été formulé tel quel jusqu'alors. Cela va permettre de circonscire davantage le projet et de dépasser cette question de l'adresse (trop large et déjà largement abordée lors de mon master et de mes deux expos "partenaire particulier") ou du "dialogue".
J'aimerais donc, si vous voulez bien, qu'on se concentre là-dessus, pour La Vitrine comme pour Toulouse.
Mathilde

le sous-titre du projet pourrait être: "La parole de l'artifice"

les mots clés:
Storytelling
stratégies (langagières) d’évitement, d'esquive
tourner autour du pot, parler autour, à côté, faire diversion
détours et dérives narratives
circonvolutions
paratexte

Comme d’autres objets d’apprentissage, l’œuvre d’art n’est pas un savoir autonome qui passerait de main en main sans que ces déplacements le contaminent et le transforment de l’intérieur. Elle n’est pas un objet de connaissance qui se transmettrait dans un idéal de « transparence de pensée », de manière unidirectionnelle. Elle est un objet de « partage » et de « cohabitation » qui dépend d’un réseau complexe d’émission et de réception, n’appartenant ni tout à fait à son auteur ni tout à fait à son spectateur ; un objet intermédiaire entre nous et le monde.

Après l’exposition « Partenaire Particulier » issue de mon master effectué sur les « dispositifs à spectateur unique » au London Consortium et qui dressait une typologie d’œuvres s’adressant qu’à un spectateur à la fois (faisant du spectateur un destinataire pourtant inconnu un privilégié qui entretient à l’œuvre un rapport d’échange, de négociation et de partage) j’aimerais poursuivre cette réflexion en focalisant cette fois-ci mon attention sur des œuvres empruntant une parole de l’ »autour ».

Jouant les storytellers éloquents et bavards qui racontent des histoires, les artistes des « Interlocuteurs » évitent pourtant soigneusement de nous livrer l’objet de leur convoitise. Ils tournent autour du pot, développent un arsenal de stratégies d’esquive, de détours et de dérives narratives, d’interpellations et de circonvolutions langagières, qui s’appliquent avec élégance à ne jamais désigner le sujet de la conversation. Empruntant les voies (stylistiques) de l’allusion, prétérition, périphrase ou encore extension, ils inversent le procédé d’une parole scientifique qui définirait en premier lieu son objet d’étude avant de le questionner. Les artistes ne s’embarrassent pas d’une telle étape intermédiaire. Préférant à coup sûr la surface au noyau, ils développent directement les chemins de traverses. Alors l’objet, au sens quasi grammatical du terme, dévie, se dérobe et se soustrait à toute volonté qui souhaiterait s’en saisir.
Cette parole de l’artifice, qui n’aborde jamais frontalement le sujet en question, mais le contourne en l’effleurant et le critique sans le nommer, tantôt illustre un geste simple, tantôt s’appesantit sur ses propres conditions de réalisation, ou encore produit des formes d’analyses et de lectures singulières du monde. Ils mettent en scène des entretiens où les protagonistes peinent à se rencontrer, prennent appui sur une série d’objets, d’images et de documents qu’ils manipulent, commentent ou illustrent lors d’installations-performances, de conférences illustrées, ou simplement de prises de parole adressées à un public.

Autant de formes (de ses séances d’interviews pseudo documentaire de Jeanne Faust aux démonstrations quasi scientifique en public de Jochen Dehn, des exhortations de témoignages de Volko kamensky aux cadavres exquis collectifs de Cyril Verde, des prises à partie du spectateur de Loreto Martinez Troncoso aux interpellations indirectes de Charlotte Moth, les mots et la voix constituent un des matériaux privilégiés de l’artiste. La parole, jouée, décrite ou en acte, est un flux porteur d’histoires et dotée de sens (avec son lot de contre-sens, d’écarts, de malentendus et d’échecs) qui circule inexorablement.

Que les artistes la mettent en scène à l’intérieur de films ou l’incarnent en direct, qu’ils produisent leur propre commentaire auto-réflexif pour tailler dans la masse une adresse sur mesure, ou qu’ils jouent les professeurs explicateurs, empruntant les voie(/x) de l’apprentissage, leurs oeuvres ne cessent d’évoluer dans un mouvement paradoxal : pleines d’une volonté de dire le monde, de nous l’adresser et de nous l’apprendre, elles génèrent irrémédiablement une communication partielle et défaillante. Interview, chorale, lecture, performance, conférence, cours… les œuvres de l’exposition nous parlent, mais de quoi parlent-elles ?

L’exposition est basée sur deux workshops (avec les étudiants des Beaux Arts de Cergy et de Toulouse) et la mise en relation de différentes structures (la vitrine, les beaux arts, l’école publique et le printemps de septembre). Une mise en réseau qui multiplie les points de vue et favorisent l’échange.

Resserrant les relations entre le langage parlé et le langage plastique, faisant du langage parlé la matière première de l’artiste, empruntant des types de discours tels que la description, l’explication, la circonvolution ou l’auto-commentaire, le projet souhaite d’une manière prendre position contre les réformes AERES (issues d’une volonté gouvernementale d’homogénéisation du modèle européen) liées à l’enseignement artistique qui tentent d’instaurer dans leur méthode une suprématie du discours sur la forme plastique et de dissocier les deux quand il faudrait les faire procéder l’un de l’autre. Voulant calquer la formation dispensée en écoles d’art sur celle des modèles universitaires, ils creusent l’écart entre un travail plastique et son commentaire, le texte et la forme, en exigeant que les étudiants produisent un « mémoire », qui serait évalué avant le travail plastique par un jury distinct, partiellement « docteur » en université), donnant comme d’autorité la primauté (du moins l’équivalence) au « discours sur », comme si le travail plastique était réductible à sa simple écriture.

Conçue en mouvement perpétuel, l’exposition advient dans le temps. Adaptée aux formes variées qui la traversent, elle amène le spectateur à adopter différentes postures: écouter une pièce sonore en solitaire, assister à une performance donnée en public, s’allonger devant un film, consulter des documents écrits, lire des livres. «Les interlocuteurs » bascule la position verticale du spectateur à l’horizontale, l’invitant à prendre son temps s’il le désire, à s’asseoir et s’allonger, s’installer physiquement dans un temps de lecture, réflexion ou de rêverie. Par ailleurs, « Les Interlocuteurs » traite des rapports entre la performance et l’œuvre exposée: comment des performances contaminent et transforment l’espace d’exposition ? Comment en retour l’exposition fait se côtoyer les «objets » de la performance et se fabrique à partir d’eux ?

vendredi 19 mars 2010

à propos de cartels

à propos de cartels, j'ai visité il y a quelques années un musée original (quelques 15 kilomètres en dessous de Dusseldorf). Ce fut une expérience impressionnante. Bien à vous. yves caro

(repris de la libre belgique, extraits)

Le musée d'Insel Hombroich est à peine indiqué: pas de publicité, pas de pancartes, pas de drapeaux. Juste une petite flèche pour guider depuis la sortie de l'autoroute. Ce silence voulu se retrouve lors de la visite: aucune indication, y compris sous les oeuvres (pas de cartels), ni guides ni gardiens. Ce musée résulte d'une utopie de son créateur, le collectionneur Karl-Heinrich Müller, qui voulait créer un lieu où les visiteurs seraient pleinement libres pour goûter les beautés de l'art et de la nature, sans présupposés et sans préparation pédagogique quelconque.

Les collections sont présentées par affinités entre les oeuvres, par artiste ou par volonté de séduire ou de surprendre. Karl-Heinrich Müller a parmi ses collections (échangées contre des Beuys, Fontana, Polke, etc.) 21 collages de Kurt Schwitters, 14 reliefs et sculptures de Jean Arp, 5 monochromes d'Yves Klein. Il possède une splendide collection de 25 tableaux de Jean Fautrier, dont plusieurs de la période noire.

Impossible de citer tous les artistes représentés: des dessins de Cézanne, Giacometti, Klimt, Matisse, Chillida ou Rembrandt; des sculptures de Calder, Chillida, Jensen; des peintures de Picabia, Matisse, etc. Leurs oeuvres se mêlent à des collections de têtes khmer, des chevaux et des pèlerins Tang et Han, une collection de cachets chinois à encre, des pièces deux fois millénaires du Luristan ou des fétiches Bateke et océaniens. Le plaisir est de découvrir des merveilles dans sa promenade, dans un coin de pavillon, sous une verrière face à un bouquet d'arbres, ou dans une opposition surprenante avec d'autres objets.

jeudi 18 mars 2010

Lettre de René Denizot, directeur ENSAPC / réfomes AERES

Réunion générale du mercredi 17 février 2010
Objet : Position de l’ENSAPC vis-à-vis de l’évaluation par l’AERES pour l’habilitation à dispenser des diplômes (DNSEP) ayant le grade de Master.
Courrier adressé à Nicole Phoyu-Yedid (MIPEA)

Chère Nicole,

Merci d’avoir transmis mon message. Jean-Pierre Simon m’a appelé jeudi soir, après la réunion qui s’est tenue à Cergy. J’ai pu lui faire part de la position de l’école vis-à-vis du dispositif d’évaluation « sur papier » qui nous est imposé.
Les propos de Jean-Pierre Simon, compréhensifs et amicaux, mais orientés à tout prix vers l’obtention du grade de Master, ne dissipent pas le malaise que nous éprouvons et renforcent la position critique de Cergy sur les conditions exclusives de l’évaluation et ses implications.

Nous constatons unanimement que se plier aux grilles et aux modalités d’évaluation de l’AERES, sans autre possibilité que de souscrire au modèle universitaire qu’elles imposent et présupposent, revient à travestir la présentation de l’école, à trahir la spécificité de nos enseignements, à déformer nos formations, à dénaturer la finalité pédagogique et ses enjeux professionnels, à nier l’existence de l’école et sa réalité.

Nous refusons, en conscience, de nous livrer à un travail de falsification dont les dérives irréversibles auraient pour conséquence de nier ce que nous sommes, une école d’art, et de renier des engagements qui ont pour condition première de maintenir la ligne faîte de la création artistique et pour objectif essentiel de former des artistes, entendus comme des inventeurs, des producteurs et des acteurs de l’œuvre et du partage de la contemporanéité. Nous avons cette ambition, nous la poursuivons avec un succès indéniable, si l’on en juge par le nombre des étudiants formés à Cergy dont le travail émerge sur la scène artistique.

Ainsi ne pouvons-nous souscrire à des critères de formation dont le crible universitaire met en pièces les objectifs et les méthodes des enseignements que nous proposons, justifiés seulement par la spécificité du travail artistique, par la nécessité de l’inventer selon des pratiques à réapproprier de manière originale et singulière.
Il n’y a pas de progrès en art, mais des inventions qui se risquent à répondre et correspondre au temps du monde. Il n’y a pas de « progressivité » dogmatique de nos enseignements, mais, confrontés à une même exigence d’œuvre, une progression personnelle des étudiants, selon un parcours singulier, évalués individuellement par la mise à l’épreuve permanente de leurs projets et de leurs œuvres, exposés à la critique collective, tant sur le plan pratique que théorique.

Il ne peut y avoir de clivage entre premier cycle et deuxième cycle, ni parmi les étudiants ni parmi les enseignants, mais des temporalités différentes d’approche de l’œuvre en question et en jeu, d’appropriation des enjeux et d’expérimentation des projets, d’approfondissement des questions à l’œuvre et d’accomplissement de l’œuvre en question.

D’un bout à l’autre du cursus, les étudiants traversent l’ensemble des enseignements et dans cette transversalité chacun construit un parcours différent qui est son propre cheminement, celui de sa progression personnelle, celui de ses recherches et de sa pratique, celui de l’œuvre en jeu. C’est ce cheminement que nous évaluons.

La cohérence et la pertinence de cette évaluation continue impliquent que la formation ne se cloisonne pas. Elle requiert une collégialité des enseignements et une mobilité des enseignants de la 1e à la 5e année, quels que soient leurs titres universitaires. Nous ne pouvons admettre le risque d’un noyautage des formations, en réservant les années de diplôme aux universitaires. Une école d’art ne peut vivre, que si l’engagement dans l’art, l’engagement professionnel de ses enseignants, irrigue la formation, qu’elle soit théorique ou pratique.

La même nécessité, celle de l’art qui exige l’œuvre, nous conduit à demander l’aménagement du DNSEP en une épreuve qui ne sépare pas « mémoire » et travail « plastique ». La 5e année doit être la présentation d’un projet d’artiste et c’est ce projet à l’œuvre qui engage la parole de l’artiste, ses écrits, sa documentation, ses publications. S’il y a bien là les conditions d’un « mémoire », elles le situent et le justifient dans l’ouverture et la fécondité du travail artistique, dans un espace de dialogue avec l’œuvre et de débat critique entre l’œuvre et le monde. Les documents du « mémoire » pourraient parvenir au jury avant l’épreuve du diplôme, mais être discutés par le même jury en présence du travail plastique, dans une logique artistique.

N’est-il pas possible de faire droit à cette cohérence et à cette ambition artistique ? Ne peut-on envisager que chaque école puisse organiser le passage du DNSEP, pour autant que la double approche de l’œuvre, sous un angle pratique et théorique, dans une ouverture critique pleinement argumentée, serait manifeste et respectée ?

Selon le même enjeu critique et la même exigence propre à l’art, est-il possible de substituer à l’évaluation de « papier », une rencontre sur le vif et une évaluation sur le site ? Ou, à tout le moins, la possibilité de traduire, en marge des fiches, la différence de notre enseignement et son irréductibilité à des enjeux universitaires ?

Nous ne refusons pas le grade de Master, nous pensons qu’il est secondaire et que le prix de son obtention ne doit pas se payer du travestissement et du reniement de ce que nous sommes. Nous ne croyons pas que le cynisme soit payant, notre approche de l’art n’y résisterait pas.

Très cordialement,

René Denizot

les cartels. texte de géraldine longueville

Voici un texte intéressant que Géraldine Longueville vient d'écrire à propos des "notices" (une des formes de commentaire et de médiation qui "entoure" l'oeuvre). Bonne lecture, Mathilde

Sous roche

Depuis le développement de la politique des publics dans les musées et centres d'art, les notices d'informations sont devenues un élément essentiel de la muséographie. S'ils ne changent en rien la réalité physique des œuvres, ces outils de médiation garantissent la filiation des objets à leurs signatures et indices de reconnaissance historique. Dans sa position généralement introductive, la notice anticipe la réception du public en le dirigeant d'emblée dans une relation didactique. Cette ordre d'apparition, en privilégiant l'orientation vers le commentaire avant l'œuvre, comporte le risque d'écarter au préalable l'expérience subjective et l'autonomie de pensée. Ce problème fait débat depuis longtemps tant l'équilibre est délicat entre l'œuvre et les indicateurs de sens qui l'accompagnent.
Les œuvres sont pourtant déjà des indicateurs mais qui désorientent notre relation à la logique. Paradoxalement, l'expérience d'aller voir une exposition est optimale lorsque l'œuvre nous échappe. La notice est un supplément qui doit l'alimenter sans la supplanter. Au delà du problème de l'autonomie de l'œuvre, c'est surtout celle du public qu'il faut engager dans sa visite. La déambulation ne devrait pas se faire de notice en notice, à la recherche de points d'ancrage mais se rapprocher de l'exploration, où le déplacement et l'observation sont indiqués par les œuvres elles-mêmes et non par le sens muséal.
L'exposition Double Bind—Arrêtez d'essayer de me comprendre! qui a lieu actuellement et jusqu'au 30 mai 2010 à la Villa Arson à Nice propose une nouvelle approche de la médiation, conçue par les commissaires Dean Inkster, Éric Mangion et Sébastien Pluot en collaboration avec les responsables des publics Céline Chazialviel et Christelle Alin. Les œuvres apparaissent sans notice, les cartels numérotés et collés au sol indiquent titres et noms des auteurs. Leurs numérotations nous renvoient à la Galerie Carré, véritable salle des matières qui contient toutes les données input et output de l'exposition. Les graphistes Charles Mazé et Coline Sunier y ont édité les 90 notices sur la totalité des deux faces d'une cimaise, constituant la table mnémotechnique en différé des œuvres. Chaque notice par son numéro correspond à une œuvre exposée, incitant le public à utiliser sa mémoire afin de rendre possible cet aller-retour.
La médiation est ainsi une partie intégrante et intégré dans les salles d'exposition, développée par une série de projets d'artistes en résidence dont le séjour permettra d'endurer l'exposition et de travailler sur ses multiples réceptions. Ces dernières constituent la problématique centrale posée par les commissaires : la traduction, de la transposition du langage à ses possibles interprétations, exprime le paradoxe de la nécessité et de l'impossibilité de se comprendre. Parmi les artistes participants au projet de médiation, A Constructed World mesurent particulièrement le risque qu'induit cette contradiction.
L'installation des artistes, Explaining Contemporary Art to Live Eels, prend d'abord la forme d'un aquarium contenant des anguilles nouvellement nées. En prolongeant la visite, l'installation est de nouveau présentée dans un dispositif plus construit. Un tronc d'arbre est posé au sol et soutient une boite de conserve relié à un fil, lui-même raccordé à une autre boîte disposée à l'extérieur, dans un bassin, et orientée vers des anguilles, beaucoup plus grandes que celles du précédent aquarium. Ce téléphone archaïque suggère qu'une discussion est la bienvenue avec les poissons dont le mode de communication par ondes électriques peut se propager à des milliers de kilomètres. Sur les parois du bassin sont accrochées une série de pièces réalisées par d'autres artistes (Yann Sérandour, Ryan Gander, Felix Gonzales Torres, etc) dont s'imprégneront les anguilles avant d'être relâchées. Lorsque l'on sait que les mises en forme d'A Constructed World sont le résultat de situations impliquant la participation de chacun, l'impression que le processus de construction a déjà commencé est palpable. Et que la présence de ces nouvelles anguilles annoncent la suite, qui prendra de l'ampleur au fur et à mesure des participations prévues durant toute la durée de l'exposition, à savoir workshop, actions et publications. La pièce, construite par vagues successives d'interprétation, est un objet mouvant qu'il est impossible de contenir, si ce n'est temporairement. Elle induit un mode d'échange qui ne peut se définir sans la multiplicité de points de vues de ses collaborateurs, mais l'éclatement des regards et des circulations la rend à la fois insaisissable.
Ce va-et-vient entre différents temps d'expériences s'opère librement dans l'ensemble de l'exposition, laissant au public tout le temps pour tracer, sans ordre de visite ni mots-clés, sa propre trajectoire.

Géraldine Longueville

mercredi 17 mars 2010

site vincent madame

on parlait de vincent madame...voici son site:
http://www.vincentmadame.com/
mathilde

précisions sur le sujet

juste un mot pour insister sur le fait que la question du dialogue et de la place que l'artiste attribue au spectateur est essentielle dans le projet mais qu'il y a aussi celle du "commentaire". le fait de "tourner autour du pot", du "parler sur" sans jamais livrer son objet. l'oeuvre est une médiation en soi entre deux personnes, le langage est en effet sculpture mais c'est le propos même développé qui m'intéresse. ce paradoxe de l'élaboration commune d'un discours qui évite de désigner son objet, n'y accède jamais pleinement mais fonctionne par dérives et circonvolutions (langagières toujours).
mathilde

vidéos Aurélien Froment

vous pouvez aller voir, en ce moment, des vidéos d'Aurélien Froment postées sur ce site:

www.tank.tv
www.tank.tv/freshmoves.htm

Now Showing: Aurélien Froment
This March tank.tv will be exhibiting a selection of nine videos made between 2001 and 2009 by the artist Aurélien Froment.

Without reducing Froment’s work to ineffectual buzzwords it is safe to say that both process and situation both have central roles within his oeuvre. Working through the thematic prisms of play, theatre and architecture Froment allows himself to take a magpie approach to the specifics of art and culture as subject matter. This scope takes in Friedrich Froebel’s building blocks for children, Frank Lloyd Wright, knot-making, Kazimir Malevich and lazy stage prompters, amongst many others. This range of foci is held together by assonance, rather than archetype and the gentle tide is always back to process, learning and the potent pregnancy of situation.

The idea of filmmaking is important to understanding Froment’s work. His recent exhibition at Gasworks in London set the viewer within the potentially fecund space of projection and for him life’s experiences can be understood through the processes of filmmaking – editing, flashback and discarded scenes. With this in mind we are very pleased to bring a selection of his videos to tank.tv, a platform that deals exclusively with the moving image. Of course, we would not reduce this artist’s work to a few words so you’ll simply have to visit www.tank.tv for the full, extended experience.

This exhibition has been generously supported by Arts Council England and Paris Calling.

Mathilde

lundi 15 mars 2010

" La communication orale comme une sculpture "

Ian Wilson réalise des rencontres avec une personne ou un groupe de personnes dont l'objet est d'avoir une discussion sur un sujet philosophique spécifique. Voici ci-dessous un extrait de la page qui lui est consacrée sur le site du Manco (http://www.mamco.ch/artistes_fichiers/W/wilson.html)

C’est à partir de la fin des années 1960 à New York au contact d’artistes qualifiés de conceptuels comme Joseph Kosuth, Robert Barry ou Lawrence Weiner avec lesquels il eut de nombreux échanges, que Ian Wilson a commencé de développer un travail essentiellement basé sur l’utilisation du langage. En 1968, par exemple, une de ses premières pièces a consisté à prendre le mot « temps », pendant toute la durée de l’année en cours, comme « objet » de recherche. Ainsi, allant à un vernissage dans une galerie, si quelqu’un lui demandait ce qu’il faisait en ce moment, il répondait qu’il était intéressé par le mot temps ou encore, si on l’interrogeait sur le fait de savoir comment le temps pouvait être le sujet de ses créations, il avançait « en tant qu’il est parlé, “ temps ” ». L’ancrage langagier de son art – I. Wilson souligne qu’il n’est pas un poète et qu’il « considère la communication orale comme une sculpture » –, l’artiste l’affirme plus clairement encore dans les discussions avec des interlocuteurs divers qu’il organise en les préparant à partir de 1972. Aucun enregistrement ni aucune prise de notes ne sont autorisés au cours de ces échanges qui se déroulent en un temps limité (généralement une heure) et avec une assistance restreinte (le nombre de places disponibles pour prendre part à l’œuvre est lui aussi fixé). Un certificat signé par l’artiste atteste que la pièce a bien été réalisée. L’absolu, sa définition et sa quête, sont bien souvent au coeur des échanges. En réduisant l’art à sa dimension verbale – « tout art est information et communication », avance I. Wilson qui confirme avoir « choisi de parler plutôt que de sculpter » – l’artiste évite l’assimilation de la création à la fabrication d’un objet, ouvrant alors la voie à ce qui, en 1968, a été qualifié par Lucy R. Lippard et John Chandler de dématérialisation de l’œuvre, phénomène marquant, selon eux, l’art de l’époque. Et, de fait, mis à part le certificat signé par l’artiste, ne restent des discussions auxquelles le public a pu être convié que des souvenirs, des traces mnésiques qui font de ces échanges des moments dont chaque témoin détient une version personnelle et unique. L’art de I. Wilson généralement qualifié de conceptuel est un art de la mémoire qui fait de cette dernière une de ses composantes primordiales. Une recherche qui reconduit l’artiste et ceux qui font vivre ses œuvres à la définition du sujet humain forgée par les Grecs : un vivant à qui la parole est en propre. Cette référence n’est pas forcément illégitime quand on sait que Socrate est une figure importante voire capitale pour I. Wilson : Socrate, celui qui ne savait et qui ne faisait que parler, et dont toute l’œuvre philosophique a été reconstituée par Platon de mémoire. Comme son glorieux aîné, Ian Wilson dépose dans le verbe, et dans le verbe seulement, la capacité de produire du sens et de mettre en forme, mais il fait cela dans une visée véritablement plasticienne, conférant au discours une portée éminemment sculpturale.

Bruce Nauman

En opposition au mouvement vers l'autre qui peut construire la rencontre, où la parole s'échange et où un lien a la possibilité de se créer, ce qu'est par essence la situation d'interlocution et puisque on citait il y a peu Bruce Nauman ( pour Violent incident: le repas en amoureux qui ne cesse, de différentes façons à chaque fois (4), de finir mal ), j'ai pensé à cette oeuvre sonore de 1968 (une pièce blanche, vide, dans laquelle la voix de Nauman est diffusée), une oeuvre de résistance qui refuse l'interlocuteur, qui le rejette même: Get out of my mind, get out of my room!
Le travail de Nauman est si prégnant en ce qui concerne toutes les situations de relation que je pense qu'il serait bon qu'il trouve sa place dans la biblio et/ou dans la médiation.
bien à vous
yves caro

dimanche 14 mars 2010

Manon de Boer

Voici encore une proposition d'artiste que je trouve très interessante pour le projet.
Sabrina

Manon de Boer (Inde)
vit et travaille à Bruxelles, en Belgique. Elle réalise des films, des vidéos, des installations et écrit. Utilisant la narration personnelle comme méthode, Manon de Boer explore la relation entre le langage, le temps et la recherche de la vérité. Elle explore aussi la perception du temps à travers un usage conscient du film en tant que médiateur artistique et en analysant son effet sur le spectateur. La manière dont elle dépouille l’image, le son et la musique dans ses compositions modifie subtilement le schéma classique de perception du film.
Son travail a été montré, entre autres, au festival FIDMarseille, à IFFR Rotterdam et à la Viennale, à Vienne.

→ Site à consulter: http://manondeboer.blogspot.com/
http://www.mapmagazine.co.uk/index.cfm?page=984F1E34-BDF5-2379-71075D0184E53D92&articleid=399


Elle a fait une exposition à Francfort en 2008 sous le titre 'The Time That Is Left' :

Dans le cadre de l'exposition, on pouvait consulter tout un archiv de son des interviews que l'artiste avait fait avec des musiciens, des danceurs et des componistes des années 1970.
En plus, des images, des textes et des scripts que Manon de Boer avait utilisé comme sources faisaient également partie de l'exposition.

→ Cela m'a fait penser au concept de la bibliothèque.


Pour donner une impression de son travail : voici trois propositions

1)Attica / Coming Together - Two Times 4’33’’ 2008


In ‘Two Times 4’33”’, 2008, exhibited at the Berlin Biennial (bb5), 2008, de Boer films pianist Jean-Luc Fafchamps performing John Cage’s mute composition before a live audience in a studio space in Brussels. 

The 35mm film is comprised of two takes. In the first, we watch as Fafchamps performs the silent work, whose stillness is inhabited by the atmospheric sounds of the studio. In the second, the camera pans steadily across the audience, travelling over each member as a lighthouse beam passes over a landscape, until finally coming to rest on a window through which trees thrash, soundlessly, in the wind. This second take is completely silent, save for Fafchamps’ punctual striking of a timer to mark the divisions between Cage’s three movements. In the rarefied quiet created by de Boer’s repetition, the bodiless pitch of a dark screening room comes to generate the ambient noise: spectators shifting in their seats, the whirr of the projector. The audience becomes the voices of the mute chorus in the film, while the bodily awareness that attends deep silence is transposed onto the on-screen spectators. 

Effectively, one is watching the watchers, with the self-conscious spectatorship that pervades de Boer’s work. In the films ‘Laurien, March 1996 – Laurien, September 2001 – Laurien, October 2007, 1996-2007’, 1996-2007 and ‘Robert, June 1996 – Robert, September 2007’, 1996-2007, we see two individuals deeply engaged in some activity taking place off-screen. Like Warhol’s ‘Blowjob’, 1964, the inscrutability of the act (in fact, reading and playing guitar respectively) is countered by the legibility of the portrait. As in ‘Blowjob’, the countenance in ‘Laurien’ and ‘Robert’ passes through states of absorption and abstraction; it is as though, in setting up a mirror to the viewer’s own vacillating attentions, de Boer’s films propose a new reflection of the spectator (as a reader) to replace Warhol’s (as a subject to be pleasured). 


2) „Sylvia Kristel – Paris“

is a documentary movie about a pop icon From the 70’s, Sylvia Kristel, a Dutch actress and model who became famous for her role in the soft-core movie Emmanuelle, one of the most successful French films ever. During a period of two years, Manon de Boer asked Kristel twice to talk about cities where she had lived. By separating image and sound, portrait and voice, the documentary introduces an element of doubt to the viewer, appealing to the collective memory, in which Kristel equals Emmanuelle.

"In most of my work, there’s an element of doubt in relation to interpretation. For instance in the film Sylvia Kristel – Paris, Kristel speaks twice, with an interval of one year, about the time that she lived in Paris. The two stories are different, but you can’t say that one of the two is true and the other false. "
"I want the viewers to question the stability of identity by introducing doubt, but also by separating sound, image and text. The different elements that construct a film or a work are put into dialogue with one another. Instead of creating a homogeneous whole with which the viewer can identify, the viewer is always held on a slight distance, which can create a critical space."

3) „Resonating Surfaces, 2005“

Resonating Surfaces is situated in the Parisian intellectual climate of the 70’s.Through personal memories of Suely Rolnik, a psychoanalyst from Brazil who has lived under the dictatorial regime of general Humberto Branco and moved to Paris afterwards, this film portrays an individual, a city and an attitude towards life. The construction of meaning in the film is built on diverse elements: image, sound, text and even voice. They all have separate significance, sometimes questioning each other, at other times totally detached.

In “Resonating Surfaces” the voice begins with a dying scream, and subsequently you hear a voice as sound/timbre without meaning, then it becomes a stream of incoherent words and, finally, a text. Without coinciding with the story of Rolnik this evolution in the voice exists as an echo of it. Thus, de Boer constructs a physical space for the voice, its physical presents and images it summons. Therefore, in that cluster of layers the voice, as a unique human phenomenon in which language and body meet together, emerges as a fourth layer.

Interview avec Saskia H.

→ voici encore un extrait d'un interview avec l'artiste à propos de l'INTERVIEW que je trouvais interessant sutrout pou le projet de la vitrine.

Sabrina


Riccardo Giacconi, “Role-Play, Flash Art, January, 2009

RG: Let’s talk about interviews. One of your most well-known works is Interview with Saskia Holmkvist (2005), a sort of conceptual mise-en-abyme on the interview medium, where you hired a media relations expert to train you to deliver a short statement about your work with apparent sincerity and authority. But also all your recent works somehow seem to explore this form, in different ways. The device of the interview is very much connected with the ‘performative’ aspect of human relations, which we were talking about before. I would like to know your take on that. Do you think an interview can be considered a challenge, a duel?
 
SH: Yes, an interview will always be a challenge or duel between two parts. And most of the time they don’t want the same thing. That’s why there exist so many interview techniques and answering techniques to be able to master the situation. The interview is a situation of limited time where the aim of the interviewer is to reveal or at least get behind a supposed facade that the interviewee is putting up. It has many similarities to a normal discussion as the techniques around interviewing depart from the critical discussion. But the interview is about creating a discussion with a point.

People who are interviewed in the media are often people in official positions, which means that they have media training in how to master the journalist. This creates a special kind of interview where the person being interviewed can be the one mastering it. But aspects of interviewing exist in a long list of professions. Even people working at a kindergarten are today instructed on how to tone down criticism when the media arrives. This means that every person in today’s society walks around with prepared answers to be able to defend themselves, their organization or company. 

In Interview with Saskia Holmkvist, which was my first work on interviewing, the aim was to reflect upon the commodification of artists who are expected to deliver statements about their work for media attention. And the better you are at it the more media you will get. My latest works In Character and Role Control treat role-play or the faking in the interview situation. Here the aim was to reflect upon the manipulative power structures that are embedded in different forms of interviews.

Saskia Holmkvist

Saskia Holmkvist (Suède, * 1971)

Je trouve que cette artiste est très interessante pour le projet.
Vous pouvez consulter son site: www.saskiaholmkvist.com (textes et images)

Je pensais surtout aux performances : „Artist Talk“ et „Press Conference“
et aux vidéos: „Interview with Saskia Holmkvist“
„Role Control“ and „In Character“ (Ce travail, je l'ai vu à Francfort il y a peu de temps → Anais, ces vidéos m'ont fait penser à ton projet:
„In Character“ aborde l'entretien d'embauche et l'interrogatoire /
„Role Control“ aborde plutôt la thérapie, négotiation/débat politique )



Saskia H. de son travail:

„Over the past few years I have been engaged in an art practice that moves between video, performance and site specific projects–in an ongoing artistic investigation into the relations of the politics of the authentic and credible. In the process I explore the negotiation of undertaking roles in life and how stuctures within language affect the politics of these positions. My interest lies in what is behind the apparent dialogue or culture such as manipulations, strategies, missunderstandings, translations and more.
To this aim, I employ conceptual and methodological approaches borrowed from artistic and academic practices such as journalism, theater, documentary film and psychoanalytics. People from different categories of profession are invited to participate in the projects; such as job-recruiters, UN mediators, the police working with interrogation, psycho-therapists, media trainers, people doing voice over in documentary film, to establish a framework were a meeting leads to an exchange of knowledge or a conflict of interest that is later represented in the work. The purpose of these experimentations are to get closer to how language is used, be it verbal or in any other form as a tool to master a situation in communication. „



Artist Talk


Artist Talk is a preview talk in disguise.
A person claiming to be Saskia Holmkvist appears and tells us in a theoretic way what her work is about. A few minutes later the same person announces that she would like Saskia Holmkvist to step forward and perform this. This time the  ́real` Saskia Holmkvist comes in and states the exact same two first phrases as the first person did. The  ́fake`Saskia Holmkvist now appears to be a Pr-person and interupts Saskia while she is explaining the exhibition to ask the audience how things that were said came across. This intervention makes the audience take part in the performance and respond to the questions of the Pr-person. Then Saskia Holmkvist is asked over and again to explain or re-state what she has just said.


Press Conference


Press conference is a re-enactment of the press-release text of the exhibition. The performance act alters the roles between the spectator and the exhibition producer and comments on the power dynamics between curator-artist-viewer and the expected exchanges going on between them.
The performance is a rehearsal, memorization and learning process of the press release and treats levels of understanding the communication of an exhibition. To learn a text by heart is to know the exact words but in order to learn the lines the content of the words have to be understood, which in turn will help the process of learning. During the performance the expected roles of the situation itself are altered. Saskia Holmkvist giving the speech needs the audience who has the manuscript in their hands i.e. the press-release to help her perform the text.
The performance Press Conference was held at the opening night 18pm, at the exhibition “Last chance to see the show” at Point Ephemère in Paris curated by Christian Alandete.


In Character & Role Control

Saskia Holmkvist’s recent films In Character and Role Control, both from 2008, are complementary inasmuch as they reciprocally develop a narrative that explores ideas of credibility, social strategies.
The two works originate in four kinds of ‘conversation situations’ with diametrically opposite aims, dealing with interpersonal and political positions: the job interview, the interrogation, couple therapy and political arbitration. These situations where relationships are worked on and negotiated and which require strategies for productive dialogue and conflict management are woven together in Saskia Holmkvist’s work into an investigation of the factors that define and control power relations and how these relations can be negotiated.

In the films Saskia Holmkvist has made use of staged situations and actors who, in the course of the films, gradually swap positions and force the conversation over a boundary where the dialogue changes meaning and forces the viewer towards a new interpretation of the situation.


Interview with Saskia Holmkvist


When we see the title Interview with Saskia Holmkvist we expect to see an interview with the artist Saskia Holmkvist but few minutes into the film it is revield to us that the situation is another. Saskia Holmkvist has hired a media relations expert to train her to deliver a short statement about her work with apparent sincerity and authority. The short statement that Saskia Holmkvist repeats in their training describes her practice with direct reference to this process.
It’s about how we comprehend something as being honest and true, states Saskia Holmkvist. Over the eight minute film, Holmkvist is instructed in body language, posture, voice timbre, eye contact, in a process more associated with political careerism than artistic development. The interruptions, visible microphones, and self-conscious pauses make it clear that even the most stereotypically ‘authentic’ figure – the artist – is capable of, and possibly is always engaged in – a performance. However, the revelation of the performance is itself carefully constructed. Shot in the Moderna Museet in Stockholm, from several angles using hand-held and fixed cameras, the film’s visual language of authenticity is itself a construction, a language created by media such as reality television. So, our supposed access to reality never quite resolves itself.

Quelques définitions

Voici quelques définitions issues du Robert historique de la langue Française.
Bien à vous
yves caro



INTER- est un élément emprunté au latin inter, proprement "à l'intérieur de deux" ( →entre- ), préverbe et préposition formé de in "dans" ( →en ) et de l'élément -ter servant à opposer deux parties

LOCUTEUR, TRICE a été emprunté par les linguistes ( v. 1911) au latin locutor "celui qui parle" de loqui "parler" ( → loquace ).
♦Le mot, utilisé pour désigner la personne qui emploie une langue, produit des énoncés, s'oppose à auditeur.Il est concurrencé dans d'autres terminologies par destinateur (en opposition à destinataire) et par émetteur (en opposition à récepteur).

INTERLOCUTEUR, TRICE est très antérieur: on le relève dès 1549 au pluriel. Il est emprunté au latin des humanistes interlocutores (pluriel) "partenaires dans un dialogue" (XVe S.), également attesté dans les domaines anglais et italien du XVIe Siècle. Le mot est probablement issu du bas latin interloquuntur, troisième personne pluriel de l'indicatif présent de interloqui "converser, discuter", de inter ( →inter) et loqui, employé une fois par Chalcidius (IVe S.) dans sa traduction du Timée de Platon pour rendre le grec dialegen "converser, dialoguer".
Interlocuteur s'est étendu plus généralement (1791) à toute personne qui parle, converse avec une autre; il a pris (v. 1952) le sens spécialisé de "personne avec laquelle on peut engager une négociation politique", notamment dans un syntagme un moment à la mode, interlocuteur valable.

samedi 13 mars 2010

propositions pour la bibliothèque

Voici une sélection de quelques ouvrages qui me paraissent entrer dans les intentions de l'exposition.
Bien à vous
Yves Caro

- 96/2 Digest. Revue de littérature générale P.O.L. 1996. un ouvrage essentiel

- Je déballe ma bibliothèque. Walter Benjamin. éditions Rivages. 2000. voilà qui ne déparera pas une bibliothèque.

- Profils de célibataires. Claude closky. éditions FRAC Languedoc-Roussillon. 1995.une compilation de petites annonces de coeur. sur la page de gauche les dames. Sur celle de droite les messieurs. des jeunes au plus agés. Des interlocuteurs potentiels en face à face.

- Hegel, ou, La vie en rose. Eric Duyckaerts. L'arpenteur.Gallimard. 1992. Un "roman" philosophique. Et parce que il participe à la troisième phase de l'exposition.

- Lettres a sa fille. Calamity Jane. éditions Rivages. 1997. Un épistolarisme simple, une adresse directe, émouvant.

- Maîtres anciens. thomas Bernhard. gallimard. 1991. Des interlocuteurs discutant l'oeuvre de l'art. Une forme magnifique, critique, grinçante et drôle.

- Le Miroir de l'Ame. Georg Christoph Lichtenberg. José Corti éditeur. 1997. Une vie entière à poser le soir des pensées pour un destinataire inconnu.

- Porcelaine. Robert Walser. édition Zoé genève. 2000. Pour la saynette nommée Otto et Erna. Ou comment 2 interlocuteurs ne se comprennent pas, ou plutôt se comprennent trop bien.

- La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentilhomme. Laurence Sterne.Tristram éditions. 2004. Parce que c'est ainsi que commence L'entretien de Leblon et Boutoux. Et parce que c'est un ouvrage essentiel.

- Je ne suis personne : Une anthologie. fernando Pessoa. Christian Bourgois. 1994. Pessoa et ses hétéronymes (si nombreux) et nous comme interlocuteurs.

- Fragments d'un discours amoureux. Roland Barthes. Seuil. 1977. Je n'ai rien a te dire mais ce rien c'est à toi que je le dis.

- Palimpsestes (la littérature au second degré). Gérard Genette. Seuil poche. 1992. Ou à propos de l'hypertexte dont Genette a une définition autre que celle que nous connaissons maintenant.

- Seuils . Gérard Genette. Seuil poche. Sur le paratexte. ce qu'il y a autour du texte. Du plus loin au plus près: ce qui y conduit.

jeudi 11 mars 2010

perf Dan Graham, dos au public

Dan Graham
Performer / Audience / Mirror
1975 / n/b / son / 23'
Dans cette performance filmée, le public se tient assis, devant un large miroir auquel Dan Graham tourne le dos. L'artiste décrit ses gestes puis ceux du public. Il renouvelle l'opération devant le miroir, dos au public. Le public acquiert ainsi un double statut de regardeur-regardé. Deux principes essentiels du travail de Dan Graham sont ici mis à l'œuvre : celui du spectateur comme composante essentielle de l'œuvre et celui de la mise en parallèle de la vidéo et du miroir, selon leur pouvoir à délivrer une information en temps réel.

http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/B5827BC5F7167D5DC12571940048E96C?OpenDocument

cette performance me semble très importante pour Les Interlocuteurs. un point de départ peut-être même. j'aimerais bien qu'on pense à en rendre compte à un moment donné ou un autre.
mathilde

projet Les Interlocuteurs mis à jour

LES INTERLOCUTEURS

L’art, comme d’autres objets d’apprentissage, ne se donne pas d’emblée. Il n’est pas un savoir autonome qui passerait de main en main sans que ces déplacements le contaminent et le transforment de l’intérieur. Il n’est pas un objet de connaissance qui se transmettrait dans un idéal de « transparence de pensée », de manière unidirectionnelle. Il est un objet de « partage » et de « cohabitation » qui dépend d’un réseau complexe d’émission et de réception, n’appartenant ni tout à fait à son auteur ni tout à fait à son spectateur ; un objet intermédiaire entre nous et le monde.

Après l’exposition « Partenaire Particulier » issue de mon master effectué sur les « dispositifs à spectateur unique » au London Consortium et qui dressait une typologie d’œuvres s’adressant qu’à un spectateur à la fois (faisant du spectateur un destinataire pourtant inconnu un privilégié qui entretient à l’œuvre un rapport d’échange, de négociation et de partage) j’aimerais poursuivre cette réflexion en focalisant cette fois-ci mon attention sur des œuvres empruntant la forme du dialogue ou la mettant en scène.

Des séances d’interviews pseudo documentaire aux démonstrations quasi scientifique en public, des exhortations de témoignages aux cadavres exquis collectifs, des prises à partie du spectateur aux interpellations indirectes, les mots et la voix constituent un des matériaux privilégiés de l’artiste. La parole, jouée, décrite ou en acte, est un flux porteur d’histoires et dotée de sens (avec son lot de contre-sens, d’écarts, de malentendus et d’échecs souvent mis en scène par les artistes) qui circule inexorablement.

Que les artistes la mettent en scène à l’intérieur de films ou l’incarnent en direct, qu’ils produisent leur propre commentaire auto-réflexif pour tailler dans la masse une adresse sur mesure, ou qu’ils jouent les professeurs explicateurs, empruntant les voie(/x) de l’apprentissage, leurs oeuvres ne cessent d’évoluer dans un mouvement paradoxal : pleines d’une volonté de dire le monde, de nous l’adresser et de nous l’apprendre, elles génèrent irrémédiablement une communication partielle et défaillante. Interview, chorale, lecture, performance, conférence, cours… les œuvres de l’exposition nous parlent tout en résistant à leur compréhension. Le contenu échappe, l’objet grammatical manque.

L’exposition est basée sur deux workshops (avec les étudiants des Beaux Arts de Cergy et de Toulouse) et la mise en relation de différentes structures (la vitrine, les beaux arts, l’école publique et le printemps de septembre). Une mise en réseau qui multiplie les points de vue et favorisent l’échange.

Resserrant les relations entre le langage parlé et le langage plastique, faisant du langage parlé la matière première de l’artiste, empruntant des types de discours tels que la description, l’explication, la circonvolution ou l’auto-commentaire, le projet souhaite d’une manière prendre position contre les réformes AERES (issues d’une volonté gouvernementale d’homogénéisation du modèle européen) liées à l’enseignement artistique qui tentent d’instaurer dans leur méthode une suprématie du discours sur la forme plastique et de dissocier les deux quand il faudrait les faire procéder l’un de l’autre. Voulant calquer la formation dispensée en écoles d’art sur celle des modèles universitaires, ils creusent l’écart entre un travail plastique et son commentaire, le texte et la forme, en exigeant que les étudiants produisent un « mémoire », qui serait évalué avant le travail plastique par un jury distinct, partiellement « docteur » en université), donnant comme d’autorité la primauté (du moins l’équivalence) au « discours sur », comme si le travail plastique était réductible à sa simple écriture.

Conçue en mouvement perpétuel, l’exposition advient dans le temps. Adaptée aux formes variées qui la traversent, elle amène le spectateur à adopter différentes postures: écouter une pièce sonore en solitaire, assister à une performance donnée en public, s’allonger devant un film, consulter des documents écrits, lire des livres. «Les interlocuteurs » bascule la position verticale du spectateur à l’horizontale, l’invitant à prendre son temps s’il le désire, à s’asseoir et s’allonger, s’installer physiquement dans un temps de lecture, réflexion ou de rêverie.

Par ailleurs, « Les Interlocuteurs » traite des rapports entre la performance et l’œuvre exposée: comment des performances contaminent et transforment l’espace d’exposition ? Comment en retour l’exposition fait se côtoyer les «objets » de la performance et se fabrique à partir d’eux ?

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UNE EXPOSITION EN TROIS TEMPS TROIS LIEUX
« Les interlocuteurs » se déroulera en trois étapes.
Il démarrera dans deux espaces proches par leur nature : en juin à (1) La Vitrine de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts Paris-Cergy, en juillet et août dans le Palais, l’espace d’exposition de (2) l'école des beaux-arts de Toulouse. A l’occasion du Printemps de Septembre, (3) « L’Ecole publique de Paris » se délocalisera à l'école des beaux-arts de Toulouse et composera le troisième temps de l’exposition.
Le projet fera se croiser deux temporalités, celle éphémère et en mouvement de l’évènement avec celle, plus figée et durable de l’exposition.
Le projet est conçu telle une cellule modulaire qui peut se ramifier, se convertir, s’amputer ou s’augmenter, se figer ou s’activer. Chaque exposition prendra soin de s’adapter à l’espace et au contexte donné et se structurera en fonction. Chacune déclinant des propositions complémentaires.
Cette mise en mouvement de l’exposition tout comme l’attention particulière donnée à la position du spectateur s’articulera grâce à un dispositif spécifique d’accrochage.

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DISPOSITIF D’ACCROCHAGE
Le dispositif ne contraint pas l’exposition, il s’y adapte et en procède.
Il incarne les potentiels déplacements et reconfigurations de l’exposition.
Structure sèche mais confortable, modulaire et multidirectionnelle, il invitera le spectateur à y prendre place, s’allonger ou l’activer.
Il est un espace de monstration et de consultation. Il dessine un espace dans l’espace, resserrant physiquement les rapports de proximité entre les pièces, alors prises dans un territoire commun nomade -, entre les oeuvres et les spectateurs et entre les spectateurs eux-mêmes.
Il advient au fur et à mesure des oeuvres qu’il reçoit (soutenant l’idée que l’œuvre contamine et fabrique l’espace) et des performances qui y ont lieu.
Structure souple et discrète recevant aussi bien les œuvres que les spectateurs, le dispositif serait composé de gradins, d’une bibliothèque, d’écrans.
Ce dispositif devrait être assez flexible pour que les artistes puissent l’utiliser tel un espace scénique ou de monstration. Il ne doit pas pour autant prévaloir à leur proposition (simple gradin pour accueillir le public au cas ils ne souhaitent pas s’en servir). Les « traces » des performances que les artistes souhaiteraient laisser viendront alimenter le dispositif d’accrochage, et par côtoiement des œuvres déjà présentes, créer un nouvel ensemble.

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BIBLIOTHEQUE : La bibliothèque mobile d’Andrea Blum
Une bibliothèque sera intégrée au projet « Les interlocuteurs » et se transformera au gré des trois étapes de l’exposition. Pensée tel un espace à la fois physique et mental qui constitue la « bibliographie de l’exposition », elle sera composée de livres proposés par les artistes, par la commissaire, par les étudiants associés, mais aussi de textes performés ou lus pendant le temps de l’exposition.
Nous emprunterons La bibliothèque mobile d’Andrea Blum, modulable, qui favorise une lecture en face à face, conçue en 1997 pour L’Observatoire. Envisagée comme un lieu-support disponible pour des projets temporaires, « c’est un prototype qui de par sa conception, se propose d’amorcer des nouvelles relations entre art, communication, et échange interpersonnel. »
Elle est à l’image d’un art discursif qui puise dans la porosité des rapports entre formes plastiques et éditoriales, entre l’image et son énonciation.


Contenu en cours :
« Le Maître ignorant », « Partage du sensible », « Le spectateur émancipé » de Jacques Rancière
« Recherches en ethnométhodologies » de Harold Garfinkel. L’auteur explicite au début de l'ouvrage la technique du "breching" - l'art de faire des brèches dans le décor ou l'arrière-plan pour le dénaturaliser
« Le Singe et la lumière », d’Erik Bullot
« L’entretien » de Thomas Boutoux et Guillaume Leblon
« La pensée complexe », d’Edgar Morin
« Documents poétiques », de Franck Leibovici
« Figures (I-IV)», Gérard Genette
« I’m nobody », Emily Dickinson
Le livre de Joe Scalan, éditions Paraguay (castilo Corrales)
« Merci infiniment », Lowry Malcolm, éditions Allia
« L’interrogatoire » de Dashiell Hammett, éditions Allia
« L’étoile au front », Raymond Roussel
sur : http://www.priceminister.com/offer/buy/5621888/Collectif-L-avant-Scene-Theatre-N-476-Raymond-Roussel-L-etoile-Au-Front-Revue.html
long texte qui parce que les personnages ne font que s’adresser au public, empêchent leur dialogue entre eux.
“Tristram Shandy”, Laurence Sterne. Disgressions incessantes tant et si bien que le roman semble ne jamais commencer.
“Steal This Book”, Dora Garcia. Présenté en pile dans une exposition, le spectateur était invite à développer une stratégie de vol.

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PROGRAMMATION
1. « Circonvolutions » : La Vitrine (Paris, 16 juin au 3 juillet 2010)
La circonvolution est le fait de s’exprimer de façon complexe, spécialement en tournant autour d’une idée centrale, en y revenant toujours. C’est ce que font les artistes de ce premier volet d’exposition : tourner autour du sujet sans jamais le livrer complètement.
La puissance évocatrice des mots, leur réalité. Dire c’est faire exister.
Cette première partie de l’exposition fonctionnera par une série de projections de films et de performances. Tel un écran en veille en attente d’activation, l’exposition invitera le spectateur à consulter la bibliothèque le temps des deux semaines de l’exposition, à s’installer dans le dispositif d’exposition et à assister aux différents évènements qui l’activeront.
D’un film narratif qui sonde une série de lieux désertés, incarnés par des voix féminines, à la description d’interviews manqués dans une trilogie de films aux accents documentaires, mettant en scène un même personnage, en passant par des performances qui déjouent l’adresse au spectateur, en empruntant des dérives narratives, les œuvres qui composent le premier corpus des « Interlocuteurs » ont toutes en commun de résister à la compréhension du spectateur tout en ne cessant paradoxalement de tendre vers lui. Elles tournent autour du pot et se refusent à livrer l’« objet » de l’histoire qui n’a pourtant de cesse de nous être racontée.

Film : Jeanne Faust (artiste)
Trilogie de films mettant en scène Lou Castel, acteur français fétiche de Rainer Werner Fassbinder et de Philippe Garrel, entre autres. Dès le premier film, la réalisatrice et l’acteur campent deux rôles bien définis : ceux de la jeune première et de la vieille star grincheuse, créant une atmosphère inconfortable qui souligne notre soif d’authenticité et de réponses « vraies ». Les deux autres films déclinent d’autres positions de « l’interviewé ».
> difficile de se figure le contexte de la situation, ses tenants et aboutissants. Ce qui ajoute à l’incompréhension régnante, déjà en tension dans l’échec de dialogue mis en scène

Film : « Oral History », Volko Kamensky (artiste)
L’artiste a demandé à des professionnelles du téléphone rose de lui confier l’histoire (fictive) d’un village qu’elles auraient fréquenté. Leur voix s’appose à de lents travellings qui révèlent à tour de rôle des lieux désertés et artificiels implantés en pleine nature.
La mémoire collective existe-elle ? Et si elle existe: peut-on l’interroger ? La représenter ? Le film, « Oral History » est un reportage au pays des frères Grimm.
> difficulté d’interprétation due à la méthode empruntée. Que sont ces lieux ? qui sont ces voix ? quelle relecture peut-on faire rétrospectivement ? quel degré de fiction et de réalité incarnent ces mots ?

Performance : Jochen Dehn (artiste, performeur)
Sa pratique de performeur prend les formes variées de performances théâtrales en appartement (2004), de combats dans la boue (Mud, 2005), de pièce pour actrice et éléphant (2005), de jeu avec les détecteurs de présence du Louvre (Liquid, 2006) ou d’un hommage à l’invention du velcro (I am you as an explosion, 2005). Par la mise en jeu du corps et de l’espace concret qui l’entoure, Jochen Dehn élabore des formes et des stratégies qui tendent à toujours mieux révéler des zones de contact et ainsi, à réduire la distance qui sépare le corps de ses possibles collisions. Il collabore régulièrement avec Frédéric Danos, Rekolonisation ou Gelitin entre autres.
> il complexifie une situation (qui résultera sur un geste simple du type « rentrer dans un cube d’un mètre cube », en empruntant les voies détournées du storytelling. L’histoire racontée n’est qu’un prétexte, elle est dérive, labyrinthique plutôt que directe et droite, et pourtant permet de mieux assoire le geste réalisé)

A VOIR :Performance : Loreto Martinez Troncoso (artiste, performeuse)
Cet artiste s’intéresse au thème de la disparition, l’écartement, l’inertie et le passage à l’action. Généralement seule, accompagnée de son micro, elle persiste face au public dans l’incertitude et l’hésitation. Elle bégaie, hésite, se tait, affirme et s’énerve puis recommence et finit au milieu d’une phrase. Tenant tête dans un certain malaise contaminateur, elle renvoie volontiers le public au questionnement de sa propre prise de parole. A la Ferme du Buisson en ce moment, Loreto a pour la première fois fabriqué une « pièce sonore » qui est en réalité un enregistrement retravaillé de sa performance, fragmentant par de longs temps de pause intercalés entre chaque interventions, et installant son travail ainsi étiré dans le temps et dans l’espace.
Ø elle créée volontairement des situations de malaise avec le public. Un bug communicationnel. Le spectateur est un peu gêné pour elle. Mais toujours à la limite, du joué et de l’improvisation.

Tableau-collage : Luca Frei (artiste)
Il est à la galerie Balice Hertling. Tableau collage avec l’inscription: « When things stop making sense”.
Il a par ailleurs produit un grand nombre d’espaces scéniques, effeuillé des cloisons, délimiter des espaces au sol aussitôt piétinnés par les spectateurs, suspendu des écrans en bois, supports parfois transparents d’œuvres d’autres, conçu des architectures complexes amenant le spectateur a déambuler dans une espace à la fois du dehors et du dedans.

Ainsi que :
Les étudiants de Cergy
Marcelline Delbecq?
Benjamin Seror ?
Chloé Maillet et Louise Hervé ?
Reto Pulfer ?
Daniel Gustav Cramer?
Lucile Ulrich et Emilie Marc?

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2. « Commentaires » – Ecole des Beaux-arts de Toulouse (du 12 juillet au ?? août)
L’art, bavard, ne cesse d’instruire son propre commentaire. Quand la parole devient un énoncé explicatif. « Parler de », c’est faire aussi.
Cette deuxième partie de l’exposition, qui se greffera à la première, se composera à partir d’œuvres qui prennent en charge leur propre commentaire, ou du moins feignent de le faire et détournent les modalités d’interprétation usuels. Elles font un pas de côté, semblent se regarder pour finalement nous parler d’autre choses que d’elle-même.
Cette exposition s’inscrit dans la lignée de l’expo « Répertoire pour une forme » qui a eu lieu à la vitrine et qui traitait du passage du document de travail à l’œuvre et de comment l’œuvre intégrait et laissait en partie visible son « paratexte », soit ce qui l’entoure, la précède et la conditionne.
Elles sont autant de réflexion sur la transmission de l’art par l’art lui-même, à l’image d’un gardien de Tino Seghal qui répèterait chantant et sautillant un « This is so contemporary ! » à l’entrée du visiteur.
Avec la volonté affichée dans cette exposition de sortir d’une simple transmission pour produire des formes d’échanges et de mises en circulation des savoirs... nous dériverons ensuite logiquement vers la 3ème partie de l’exposition.

Film : « Best short stories about art »
Un film réalisé par Jorge Pedro Nunez, Laetitia Badaut Haussmann, Natalia Marrero (artistes), sur une idée originale de Bernard Marcadé.
Il sera diffusé sur un écran plasma incrusté dans le module, visible par qui veut à n’importe quel moment. Ce film consiste en un montage de 1h10 d’extraits de films populaires qui décrivent une "situation artistique" (dans un Hitchcock, deux voleurs débarquent dans une maison et marquent un temps de pause devant un Mondrian, se regardent sans rien dire et reproduisent la même scène en partant. On y trouve aussi le Batman de Tim Burton, Louis de Funes, etc.). Une histoire de l’art à travers celle du cinéma.

Conférence : Yoann Gourmel et Elodie Royer (commissaires et critiques)
Ils proposeront une conférence, suite à celle qu’ils avaient donné à la galerie Noisy-Le-Sec. A partir d’extraits de textes et de vidéos, "Les informations supplémentaires" évoquaient différents modes et supports de textes généralement associés à l’écriture d’une exposition, à sa réception et à son archive. Cette lecture-projection avait pris la forme d’un récit d’exposition par ses contours.

Pièce de théâtre : « L’entretien » de Thomas Boutoux (galeriste, critique) et Guillaume Leblon (artiste)
Ce livre est une interview entre un critique et un artiste. Elle revêt l’apparat d’une pièce de théâtre et ainsi profite de l’espace de fiction pour articuler une réflexion sur les modes de construction de discours appliqué au champ du commentaire de l’œuvre. Mais à force de penser les modes appropriés du commentaire de l’œuvre, les protagonistes finissent par l’éviter. Jouée par deux acteurs (autres que les auteurs), l’effet de distanciation du commentaire d’avec son sujet d’origine est accru.
> l’intérêt serait de donner lieu à cette pièce de théâtre à l’intérieur de l’exposition, étendant le discours sur les œuvres de l’exposition elle-même, amplifiant ce passage du spécifique à l’universel

Œuvre-objet : Eric Maillet (artiste)
Classeur à fiches plastiques contenant 20 images et 6 critiques. L’artiste a délivré ce même lot d’images à 6 critiques et commissaires différents qui en ont produit une critique très différente. Présentées en feuillet, les lectures entre image et texte peuvent se faire dans tous les sens, multipliant d’autant plus les lectures possibles et proposant ironiquement une critique antipédagogique.

Livre : Nicolas Ramel (artiste)
Un diplomé de l’école d’arts de Cergy qui a sorti une très belle édition fabriquée à partir des notes d'artistes qu’il a collecté pendant des mois autour de lui et qu’il a photographié.

Vidéo: Ryan Gander (artiste)
« Things that mean things and things that look like many things », video
ça a tout l’air d’un documentaire sur le prochain projet de l’artiste, compose d’extraits de son prochain film, d’interview de critique d’art et de lui-même – mais le documentaire lui-même fait office d’œuvre

Sculpture : Joe Scanlan (artiste)
Une table de pic-nic pliable, entre la valise de Duchamp et le gadget de jamesbondien qui contient divers documents-outils de travail ou fragments de pièces qui sont rangés avec application dans des petites boîtes rattachées en dessous de la table.

Diaporama + bande son : Raphaël Zarka (artiste)
Diaporama d'une collection de rombicuboctaèdre que l’artiste mène depuis plusieurs années. Une forme qui est déclinée de toutes les tailles, tous les genres (du lampadaire à la sculpture). Au casque on entend la voix de Didier Semin, ancien professeur d’histoire de l’art de l’artiste, qui raconte l’histoire de cette collection et des objets présentés.

Installation/sculpture : Falke Pisano (artiste)
Pour ses films et conférences-performances au cours desquels elle manipule des objets et s’appuie sur tout un pan de la théorie de l’abstrait. « I make use of an abstract formal language as well as a certain abstraction in the language itself.”
“Constitutive for my work are inquiries into questions involving the practice and production of art. In my recent work I particularly focus on the act of speech in relation to forms of agency and the production of affect.”
Basé sur le fait que l’art est un moment de communication qui emprunte plusieurs formes : objet, performance, texte, conférence. Circulation d’idées, de langages et formes.

Vidéo : Charlotte Moth (artiste)
2 moniteurs tête bêches mettent en scène une femme s’adonnant au commentaire de photo d’architectures, se lançant dans l’interprétation de leur origine, lieu, fonction. Tandis que l’on voit les images des lieux à l’écran d’un côté, ce sont celle de la femme au travail, manipulant les mages sur son bureau, autrement dit « la séance de travail », que l’on découvre de l’autre côté.

Guillaume Desanges (critique, commissaire) - « Child’s play »
Invité à la biennale de Roumanie, il a fait rejouer des performances mythiques d’Acconci, Gina Pane, Abramovic, Bas Jan Ader, etc, par de jeunes enfants.
Composé d’un making off sur écran (son au casque), série de dessins des enfants, d’un film projeté sur grand écran.
Cette instrumentalisation sans visée « pédagogique » a priori des enfants pris tel des « matériaux » est mise à mal par la force de résistance qu’ont imposé les enfants eux-mêmes, obligeant le projet à emprunter les voix de négociation, de trocs et d’apprentissage afin que chacun des « interlocuteurs » y trouvent son compte.

Benoit Maire (artiste)

?? Film : Robert Barry (un des premiers films expérimentaux, dont un avec sorte de dessin animé, gribouillage)

?? Continuous Project (Bettina Funcke, Wade Guyton, Joseph Logan and Seth Price) Parce qu’ils remettent en circulation des publications ou discussions d'artistes des générations précédentes, par le biais du facsimilé ou de la performance.

? Tino Seghal

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3. « Documents parlés » : L’école publique / Printemps de Septembre (sept-oct)
Je proposerais une série de cours données par des artistes, professionnels de l’art et étudiants d’école d’art qui auraient lieu les soirs de la manifestation.
Empruntant la forme de « l’explication » et de la conférence illustrée qu’ils détournent dans un élan d’appropriation et de composition d’une forme originale, nombre d’artistes parlent et incarnent des documents (images ou objets). Comment les artistes performent-ils ces documents ? comment les parlent-ils, les manipulent-ils, se les approprient-ils au profit d’une narration subjective ou d’une reconstruction de l’Histoire ? Quelles relations entretiennent-ils avec la théorie et l’érudition ? Quel « savoir flottant» nous retransmettent-ils ? Qu’apprend-on d’eux ?

L’Ecole Publique de Paris sera délocalisée aux beaux-arts de Toulouse le temps du Printemps de Septembre. Ce cadre souple d’un modèle alternatif d’apprentissage à l’intérieur d’une école d’arts sera l’occasion de donner la parole aux artistes et aux étudiants, ainsi qu’à divers professionnels de l’art ayant expérimenté de manière singulière des modes renouvelés de circulation des savoirs (au sens large).
Les cours seront comme à l'accoutumé proposés d’abord sur le site Internet de l’école publique, discutés en forum et validés par le comité de réflexion (selon l’intérêt, les moyens et les délais), dont je fais parti, puis auront lieu dans la salle de l’exposition, des salles de classe des beaux arts ou La Radio du bout de la nuit.

Présentation de l’école publique :
GLOBAL
L'Ecole Publique est une école sans programme. Pour l'instant, elle fonctionne comme suit : premièrement, des cours sont proposés par le public (« Je veux apprendre ceci» ou «Je veux enseigner cela »), puis, il est possible de s'inscrire pour les cours (« Je tiens aussi à apprendre cela ») et, finalement, lorsque suffisamment de personnes ont manifesté de l'intérêt, l'école trouve un professeur et offre un cours à ceux qui ont signalé vouloir y participer.
L'Ecole Publique n'est pas agréée, elle ne donne pas de diplômes, et elle n'a aucune affiliation avec le système scolaire public. Il s'agit d'un cadre qui prend en charge les activités autodidactes, en partant du postulat que tout est dans tout.
LOCAL
L’Ecole Publique est avant tout un projet artistique et culturel, qui s’inscrit dans une conception pragmatiste de la culture, cherchant à créer des opportunités d’individuation pour tous. Elle part du double principe qu’il est possible de travailler la demande et que l’individu se crée en fabriquant ses propres outils d’émancipation. Plus qu’une transmission des savoirs, il s’agit d’une construction tout à la fois individuelle et collective. Pour ce faire, il convient de prendre en compte le public dans la conception même du projet et de tenir compte du fluide social, c’est à dire des associations qui se font sans cesse entre humains et non-humains. Alors, de nouvelles modalités de travail privilégiant un axe de recherche et d’échanges entre l’artiste et le public peuvent s’inventer.
L’Ecole Publique propose une alternative au format de l’exposition stricto sensu et à ce qu’on a appelle « la médiation » dans le jargon des centres d’art, tout en évitant l’instrumentalisation de l’artiste ou la participation démagogique. Chaque cours est l’occasion d’inventer un nouveau format et de nouvelles connexions et oeuvre à récuser la distance radicale, la distribution des rôles et les frontières entre les territoires. « La distance n’est pas un mal à abolir, c’est la condition de toute communication. », écrit le philosophe Jacques Rancière dans Le Spectateur Emancipé. Il ne s’agit pas de plaire à tout le monde, mais de travailler avec le public le plus large et le plus diversifié possible. S’engager dans la pédagogie ne signifie pas inventer un modèle, mais penser ce que Boris Charmatz appelle « des élans hétérogènes ». L’Ecole Publique redistribue en permanence les rôles. Habitants et commerçants du quartier, étudiants et enseignants de l’université, professionnels, amateurs et acteurs de disciplines variées sont tour à tour maître ou élève. Les frontières entre les territoires sont brouillées par la diversité des participants et la variété même des cours.
Recherche, création, pédagogie et culture se retrouvent articulés au sein d’un projet politique. L’Ecole Publique vise à contribuer à lever les apriori sur l’art tout en ouvrant le champ d’action de la recherche artistique et curatoriale au delà de l’art. Comme le rappelle Bruno Latour dans Changer de société, refaire de la sociologie, « une culture est à la fois ce qui fait agir les gens, une abstraction complète créée par le regard de l’ethnologue, et ce qui est généré au cours des interactions par l’inventivité inépuisable des participants. »
L’école publique va dans le sens d’un accès décloisonné au savoir et d’un dépassement du savoir à la seule transmission.
Le cours pourrait prendre des formes hybrides : conférences, lectures, performances, ateliers, concerts.
L’école pourrait avoir lieu, suivant les propositions, dans le module d’exposition, dans des salles de classes ou investir « La Radio du bout de la nuit », installée dans la cour des beaux arts.

Pour en savoir plus sur L’Ecole Publique: http://playtime.betonsalon.net/playtime2009/index.php?/project/ecolepublique-
de-paris/ et http://paris.ecolepublique.org/ .


« Professeurs » supposés :

Benoit Maire (artiste)
Une conférence en lien avec la pièce exposée l’été ?

Pierre Joseph (artiste)

Aurélien Froment (artiste)
Il avait déjà fait un cours à betonsalon

Alex Cecchetti (artiste, performeur)
La performance « Les joueurs » consiste à inviter un autre artiste de son choix à jouer une partie sans règle. "Armés" d’objets et de matériaux qui sont totalement inconnus de leurs rivaux et du public, les deux artistes combattent pour créer des formes surprenantes et inattendues, visant à définir un unique et imprévisible hybride. Cette situation à prétexte ludique se déroule dans un temps indéterminé où la pratique de l’artiste est confrontée à celle d’un autre et poussée au dialogue à travers une élaboration d’un dialogue composée uniquement de gestes.

Markus Miessen (architecte et critique)
IL a étudié l’architecture et l’urbanisme à la Glasgow School of art et à l’Association d’Architecture à Londres, et a effectué un Master au London Consortium. Il a publié Dis someone say participate? An Atlas of Social Pratice, MIT Press, 2006), The Violence of participation (Sterbeng, 2007), With/without : Spatial Products, Pratics and Politics in the Middle East (Bidoun, 2007). Il a dessiné plusieurs espaces (Archive Kabinett à Berlin, un pavillon de rencontre et projection, conférences, librairie, pour Performa 2009, a créé un espace spécifique pour la Biennale de Lyon 2007 et travaille sur un espace dédié aux archives d’Hans Ulrich Obrist). Il prépare actuellement son prochain livre: The nightmare of participation : Crossbench Praxis as a Mode of Criticality.

Erik Bullot (artiste cinéaste)
Une conférence illustrée sur la ventriloquie.
http://www.lecinemadeerikbullot.com/ventriloquie
http://www.pointligneplan.com/laboratoire-dexposition/87-de-lexposition-des-films-par-erik-bullot

Falke Pisano (artiste)
Théorie de l’abstraction et manipulation d’objet en lien avec la pièce présentée dans l’exposition de l’été ?

Tris Vonna Mitchell (artiste, performeur)
Ce storyteller qui use d’un rythme de parole impressionnant pour raconter lors de performances son processus de travail, ses recherches, ses méthodes tout en y insérant un lot de dérives narratives, nous fait suivre à toute vitesse le fil de sa pensée, mettant ainsi la capacité de compréhension du spectateur à l’épreuve. Devant lui une table sur lesquels sont posés des objets (matériaux ou objets « accompagnateurs ») qu’il manipule de temps, comme pour scander le flux de sa parole et aider (à moins qu’ils ne la complexifient ?) la compréhension de ce qui est dit. L’artiste s’en remet à un minuteur pour sonner la fin de son flot verbal extrêmement maîtrisé.

Ryan Gander (artiste)
Pour son travail sur les modes de médiation

Erick Duyckaerts (artiste)
L’« antipédagogue », qui sous couvert d’emprunter les voix connues de l’apprentissage, se refuse à livrer un simple objet de connaissance.

Performing Memory (collectif de critiques)
ce séminaire proposé par « bo-ring » composé de Virginie Bobin et Julia Klaring est conçu autour de travaux et recherches intégrant la question du document et de sa transmission à l’intérieur même de la pratique de la performance. Au-delà des réflexions sur la documentation de la performance qui ont accompagné son développement depuis les années 70, PERFORMING MEMORY considère la performance comme vecteur d’une possible histoire critique à travers l’usage, l’interprétation et le déploiement de documents (réels ou fictifs).
Le projet prend plusieurs formes dans l’espace et le temps :
- le site Internet www.bo-ring.net (en construction) rassemble une sélection d’interviews d’artistes, chorégraphes, curateurs, historiens de l’art ou critiques qui envisagent les pratiques performatives comme un acte de médiation critique et/ou discutent l’usage actif – la mise en œuvre ? – du document dans ces pratiques.
- les séminaires proposent différents déploiements de cette recherche dans l’espace et le temps, mêlant conférences, performances, projections et mises à disposition de documents selon le contexte de l’intervention. Une version du projet est prévue en Septembre 2010 au Kunstraum Niederrostereich à Vienne (Autriche).

Franck Leibovici (écrivain, artiste plasticien, performeur)
Les mots-clés de cet artiste protéiforme sont : documents poétiques, redescriptions, énoncés flottants, mondes flottants, problèmes publics, collectifs, pratiques publiques, systèmes de notation, médiations et traductions, cartographies. Il s’est intéressé aux "conflits de basse intensité" au sujet desquels il a publié des livres, produit des affiches et des cartes ou orchestré des performances, les "mini-opéra pour non musiciens" (2007-2009). Un d’entre eux consistait à faire chanter un discours de Colin Powell à une dizaine d’amateurs plongés dans le public (annulant ainsi les frontières entre public et spectateur). Ces derniers étiraient tellement le discours d’origine qu’ils le rendait incompréhensible, et suivant un système de contamination des sons - appliquant deux règles : véhiculer sa note dans l’espace pour la donner à son voisin, récupérer celle de celui que l’on rencontre -, créaient un espace vectorisé. Ils faisaient à la fin de la performance tenir étonnamment le silence dans la salle.
Il a également produit des pièces qu’il définit comme des "documents poétiques" (qu’il a théorisé dans un livre éponyme très intéressant) et engage régulièrement des projets en collaborations (dernièrement avec Ernesto Neto et Tal Hadad).

« L’encyclopédie de la parole » (artistes, commissaires, philosophes, chorégraphes, etc.)
Mené et coordonné par Grégory Castéra, Frédéric Danos, Nicolas Fourgeaud, Joris Lacoste, Pierre-Yves Macé, Olivier Normand, Nicolas Rollet et Esther Salmona.
Il existe aussi la pièce sonore « La chorale de l’encyclopédie ». L’encyclopédie consiste en une série de conférences qui prennent comme point de départ des modalités de discours (la cadence, l’adresse, la répétition, le timbre, l’intonation), le théorise et l’illustre par des extraits issus d’émissions de radio, discours politiques, films, etc. « L’Encyclopédie de la parole » est un projet visant à appréhender transversalement la diversité des formes orales. Qu’y a t-il de commun entre des paroles issues de la poésie sonore, de discours politiques, de conversations courantes, de publicités, de rituels religieux, de leçons de danse, de commentaires sportifs, de messages de répondeurs, de dialogues de théâtre ou de cinéma ? » L’Encyclopédie de la parole propose depuis 2007 des séances d’écoute où sont donnés à entendre toutes sortes de documents parlés, proposés par un groupe mobile de collecteurs et composés par un artiste sonore.
A voir aussi « W » par le même groupe (autour de Joris Lacoste)

Voir aussi des écoles :
The parrallell school of art
The Free Acadamy
The Blue Mountain (fondée par Piero Golia) à Janus. DNT Foundation.
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WORKSHOP
Pour La Vitrine, 7 étudiants de l’école d’arts de Cergy, de l’Atelier de Recherche et de Création « Voix(re) » de Marcelline Delbecq, produiront des textes, qui pourraient être selon, lus ou performés, durant la première partie de l’exposition.
Pour le Palais des Beaux-arts de Toulouse, des étudiants de l’école produiront un objet éditorial, sorte de catalogue libre de l’exposition, reposant les bases du commentaire et de la communication d’exposition, cherchant à en renouveler les formes de médiation.

WORKSHOP A TOULOUSE
« Les Interlocuteurs » repose sur deux workshop, un avec les étudiants des Beaux-Arts de Toulouse, l’autre avec ceux de l’ENSA Paris-Cergy. Les deux groupes d’étudiants seront impliqués dès la conception du projet et seront mis en relation entre eux.

Tandis que les étudiants de Cergy produiront des textes/lectures/performances à La Vitrine, ceux de Toulouse réfléchiront à la forme adéquat à donner au commentaire de l’exposition, à sa médiation, cherchant une forme singulière à donner aux supports de communication (cartels, plan de l’exposition, communiqué de presse, catalogue)

1. Le projet de recherche : L’œuvre commentaire. De la périphérie au centre : quelle position adoptée ?
Le workshop développera une réflexion, menée avec les étudiants, sur les formes d’implications de la parole sur l’art.
Comment l’art peut-il résister à une forme de médiation et de communication formatée et sclérosante pour l’œuvre elle-même? Le but est d’amener les étudiants à penser la question de l’apprentissage en général à travers celle du commentaire et donc de la transmission de l’art en particulier. Quelle forme donner au commentaire de l’art, de l’œuvre d’un artiste ou d’une exposition ? Doit-on transmettre quelque chose ? S’agit-il de traduire, révéler, poursuivre ou décrypter l’œuvre ? De quelle manière faire circuler un savoir liée à une oeuvre ? Existe-t-il même un « savoir » de l’œuvre, comme il existe une connaissance véritable d’un objet scientifique ? L’enseignement doit-il se concevoir selon un mode binaire de donner-recevoir ou peut-il être multidirectionnel et détaché de l’objet de connaissance (devenant alors davantage affaire de volonté et d’appropriation d’un savoir) ?. La relation d’autorité professeur/élève peut-elle être mise à mal au profit d’un apprentissage concomitant et collectif, voire « créatif » ?
Des "Maîtres fous" de Jean Rouch au "Maître ignorant" de Jacques Rancière, de l’histoire des modes d’apprentissage alternatif (du Black Mountain College à The Public School et The Mountain School of Art en passant par la Free International University of Creativity and Interdisciplinary Research de Joseph Beuys), d’expériences réalisées dans d’autres disciplines (« Bocal » du chorégraphe Boris Charmatz), ou de formes créées par des artistes (Mike Kelley, Eric Duyckaerts, John Bock), il me semble judicieux d’aborder ces questions dans le cadre d’une exposition qui prend racine dans les bâtiments de l’école. D’abord par ce qu’elles sont liées au propos du projet d’exposition, ensuite parce qu’aujourd’hui la question de l’éducation est au cœur des enjeux politiques, parce qu’elle l’est également dans l’art contemporain, maintes fois prise en charge par les artistes, enfin parce que les étudiants sont les premiers concernés par cette problématique.
Le workshop sera en lui-même conçu comme un espace d’échanges et d’élaboration collective. Il sera à l’image d’un apprendre « avec » plutôt que « de » pour permettre la circulation des formes et des idées.

2. Méthode de travail
Plusieurs sessions courtes (de deux ou trois jours) sont organisées. Le suivi est cependant assuré régulièrement par mail ou un blog que nous créerons pour l’occasion. Le professeur Yves Caro coordonnera un groupe de 10 étudiants sur place.

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LE CALENDRIER
1ère Session - 4 et 5 mars : Sélection des étudiants, élaboration théorique et circonscription du terrain de recherche de l’exposition
- Explication du projet, exposition de certaines pièces dont des films.
- Leur participation se fera à plusieurs niveaux : la mise en espace de l’exposition, un objet éditorial commun repensant la forme de médiation de l’exposition, l’accompagnement général des invitations faites aux artistes, au choix des pièces
- Mise en place du blog
2ème Session - 9 et 10 mars : venue des étudiants de Toulouse à Paris et rencontre des étudiants de Cergy
› Discussions et articulation des deux expositions de La Vitrine (Paris) et de Toulouse.
>point sur recherches sur artistes et théoriciens (seghal, rancière, maire, pisano, joseph)
3ème Session – 1 et 2 avril : les hypothèses de travail
› choix définitif des artistes à inviter, des pièces et des performances.
› conception du dispositif d’accrochage : sa forme, son matériau, son fonctionnement « actif », son coût.
› diffusion et stratégie de communication à développer en fonction du catalogue produit
> avancée du catalogue
4ème Session : 12 au 14 mai : le catalogue et la mise en espace
› outil de médiation: rassemblement des propositions et fabrication du catalogue de l’exposition
5ème session : 10 juin : Le montage de l’exposition
Début juin : les étudiants de Cergy participeront au montage de l’exposition à La Vitrine, encadrés par Guillaume Segur et moi-même. (construction du module central de l’exposition.)
Fin juin-début juillet : les étudiants de Toulouse participeront au montage de l’exposition à l'école des beaux-arts . Ils seront encadrés par des monteurs professionnels et moi-même. Le montage comprendrait également la gestion du prêt des oeuvres, des assurances, des transports. Les étudiants prendraient en charge la communication (comprenant la fabrication et l’envoi de ses supports d’invitations mais aussi l’édition mentionnée ci-dessus) ainsi que la médiation de l’exposition (qui pourrait aussi prendre un aspect performatif).

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ÉCHANGE AVEC UNE STRUCTURE VOISINE : LES ATELIERS DES ARQUES
Durant le temps du workshop, j’aimerais profiter de la proximité géographique des Ateliers des Arques, et de la proposition de la commissaire Cécilia Becanovic, qui consiste à plonger les artistes dans une situation à la « Robinson Crusoe », pour imaginer une relation possible entre l’équipe de la résidence et les étudiants du workshop. Cela pourrait être léger et prendre la forme d’un ou deux rendez-vous : une visite des étudiants de Toulouse aux Arques et peut-être des artistes à l’école des beaux-arts Ceci permettrait de développer les liens de l’école avec un projet d’art contemporain
de sa région, de mettre au contact les étudiants avec des artistes d’une autre génération ainsi qu’avec une situation de production professionnelle répandue, celle de la résidence.
Je suis proche par ailleurs de la commissaire et des artistes invités (Julien Prévieux, Charlie Jeffery, Virginie Yassef, Jochen Dehn, etc.), ce qui facilitera l’organisation d’un échange entre nos deux structures.
L’équipe de la résidence est invitée à faire une exposition également pour le Printemps de Septembre. Robinson Crusoe étant la figure du candide déserté, la commissaire et les artistes pourraient également penser à un cours à donner à l’ECOLE PUBLIQUE.
> j’y serai du 18 avril au 2 mai. Les étudiants pourraient venir passer une journée ou deux?

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++ note :
quelques artistes s’inscrivent dans le projet. A voir si on présente une pièce, une forme documenté dans la bibliothèque ou le catalogue, ou s’ils ne servent indirectement la réflexion menée sur l’exposition :
Bruce Nauman: « violon violent silence ». un repas amoureux qui se répète jusqu’à ce que l’un finisse par tuer l’autre
Janet Cardiff: son expo au MACBA refaite à la chapelle à toulousee : une travail de spatialisation sonore, avec une série d’enceintes + Projet au casque de déambulation dans la ville de Londres. Projet produit par Artangel.
Tino Seghal
Tony Oursel
Le cv déclamé dans le métro par Fayçal Baghriche
Le managing artist de Martin Le Chevallier qui demande à une agence d’expertise de lui écrire le scénario à suivre pour assurer sa notoriété > voir son site
Parreno/Obrist : Il Tempo del Postino. Le premier opéra du monde créé par les artistes !
L’exposition vide et performée par les artistes organisée par Rirkrit Tiravanija
Vincent Madame > http://www.myspace.com/vincentmadame
www.vvork.com

projet Les Interlocuteurs mis à jour

LES INTERLOCUTEURS

L’art, comme d’autres objets d’apprentissage, ne se donne pas d’emblée. Il n’est pas un savoir autonome qui passerait de main en main sans que ces déplacements le contaminent et le transforment de l’intérieur. Il n’est pas un objet de connaissance qui se transmettrait dans un idéal de « transparence de pensée », de manière unidirectionnelle. Il est un objet de « partage » et de « cohabitation » qui dépend d’un réseau complexe d’émission et de réception, n’appartenant ni tout à fait à son auteur ni tout à fait à son spectateur ; un objet intermédiaire entre nous et le monde.

Après l’exposition « Partenaire Particulier » issue de mon master effectué sur les « dispositifs à spectateur unique » au London Consortium et qui dressait une typologie d’œuvres s’adressant qu’à un spectateur à la fois (faisant du spectateur un destinataire pourtant inconnu un privilégié qui entretient à l’œuvre un rapport d’échange, de négociation et de partage) j’aimerais poursuivre cette réflexion en focalisant cette fois-ci mon attention sur des œuvres empruntant la forme du dialogue ou la mettant en scène.

Des séances d’interviews pseudo documentaire aux démonstrations quasi scientifique en public, des exhortations de témoignages aux cadavres exquis collectifs, des prises à partie du spectateur aux interpellations indirectes, les mots et la voix constituent un des matériaux privilégiés de l’artiste. La parole, jouée, décrite ou en acte, est un flux porteur d’histoires et dotée de sens (avec son lot de contre-sens, d’écarts, de malentendus et d’échecs souvent mis en scène par les artistes) qui circule inexorablement.

Que les artistes la mettent en scène à l’intérieur de films ou l’incarnent en direct, qu’ils produisent leur propre commentaire auto-réflexif pour tailler dans la masse une adresse sur mesure, ou qu’ils jouent les professeurs explicateurs, empruntant les voie(/x) de l’apprentissage, leurs oeuvres ne cessent d’évoluer dans un mouvement paradoxal : pleines d’une volonté de dire le monde, de nous l’adresser et de nous l’apprendre, elles génèrent irrémédiablement une communication partielle et défaillante. Interview, chorale, lecture, performance, conférence, cours… les œuvres de l’exposition nous parlent tout en résistant à leur compréhension. Le contenu échappe, l’objet grammatical manque.

L’exposition est basée sur deux workshops (avec les étudiants des Beaux Arts de Cergy et de Toulouse) et la mise en relation de différentes structures (la vitrine, les beaux arts, l’école publique et le printemps de septembre). Une mise en réseau qui multiplie les points de vue et favorisent l’échange.

Resserrant les relations entre le langage parlé et le langage plastique, faisant du langage parlé la matière première de l’artiste, empruntant des types de discours tels que la description, l’explication, la circonvolution ou l’auto-commentaire, le projet souhaite d’une manière prendre position contre les réformes AERES (issues d’une volonté gouvernementale d’homogénéisation du modèle européen) liées à l’enseignement artistique qui tentent d’instaurer dans leur méthode une suprématie du discours sur la forme plastique et de dissocier les deux quand il faudrait les faire procéder l’un de l’autre. Voulant calquer la formation dispensée en écoles d’art sur celle des modèles universitaires, ils creusent l’écart entre un travail plastique et son commentaire, le texte et la forme, en exigeant que les étudiants produisent un « mémoire », qui serait évalué avant le travail plastique par un jury distinct, partiellement « docteur » en université), donnant comme d’autorité la primauté (du moins l’équivalence) au « discours sur », comme si le travail plastique était réductible à sa simple écriture.

Conçue en mouvement perpétuel, l’exposition advient dans le temps. Adaptée aux formes variées qui la traversent, elle amène le spectateur à adopter différentes postures: écouter une pièce sonore en solitaire, assister à une performance donnée en public, s’allonger devant un film, consulter des documents écrits, lire des livres. «Les interlocuteurs » bascule la position verticale du spectateur à l’horizontale, l’invitant à prendre son temps s’il le désire, à s’asseoir et s’allonger, s’installer physiquement dans un temps de lecture, réflexion ou de rêverie.

Par ailleurs, « Les Interlocuteurs » traite des rapports entre la performance et l’œuvre exposée: comment des performances contaminent et transforment l’espace d’exposition ? Comment en retour l’exposition fait se côtoyer les «objets » de la performance et se fabrique à partir d’eux ?

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UNE EXPOSITION EN TROIS TEMPS TROIS LIEUX
« Les interlocuteurs » se déroulera en trois étapes.
Il démarrera dans deux espaces proches par leur nature : en juin à (1) La Vitrine de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts Paris-Cergy, en juillet et août dans le Palais, l’espace d’exposition de (2) l'école des beaux-arts de Toulouse. A l’occasion du Printemps de Septembre, (3) « L’Ecole publique de Paris » se délocalisera à l'école des beaux-arts de Toulouse et composera le troisième temps de l’exposition.
Le projet fera se croiser deux temporalités, celle éphémère et en mouvement de l’évènement avec celle, plus figée et durable de l’exposition.
Le projet est conçu telle une cellule modulaire qui peut se ramifier, se convertir, s’amputer ou s’augmenter, se figer ou s’activer. Chaque exposition prendra soin de s’adapter à l’espace et au contexte donné et se structurera en fonction. Chacune déclinant des propositions complémentaires.
Cette mise en mouvement de l’exposition tout comme l’attention particulière donnée à la position du spectateur s’articulera grâce à un dispositif spécifique d’accrochage.

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DISPOSITIF D’ACCROCHAGE
Le dispositif ne contraint pas l’exposition, il s’y adapte et en procède.
Il incarne les potentiels déplacements et reconfigurations de l’exposition.
Structure sèche mais confortable, modulaire et multidirectionnelle, il invitera le spectateur à y prendre place, s’allonger ou l’activer.
Il est un espace de monstration et de consultation. Il dessine un espace dans l’espace, resserrant physiquement les rapports de proximité entre les pièces, alors prises dans un territoire commun nomade -, entre les oeuvres et les spectateurs et entre les spectateurs eux-mêmes.
Il advient au fur et à mesure des oeuvres qu’il reçoit (soutenant l’idée que l’œuvre contamine et fabrique l’espace) et des performances qui y ont lieu.
Structure souple et discrète recevant aussi bien les œuvres que les spectateurs, le dispositif serait composé de gradins, d’une bibliothèque, d’écrans.
Ce dispositif devrait être assez flexible pour que les artistes puissent l’utiliser tel un espace scénique ou de monstration. Il ne doit pas pour autant prévaloir à leur proposition (simple gradin pour accueillir le public au cas ils ne souhaitent pas s’en servir). Les « traces » des performances que les artistes souhaiteraient laisser viendront alimenter le dispositif d’accrochage, et par côtoiement des œuvres déjà présentes, créer un nouvel ensemble.

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BIBLIOTHEQUE : La bibliothèque mobile d’Andrea Blum
Une bibliothèque sera intégrée au projet « Les interlocuteurs » et se transformera au gré des trois étapes de l’exposition. Pensée tel un espace à la fois physique et mental qui constitue la « bibliographie de l’exposition », elle sera composée de livres proposés par les artistes, par la commissaire, par les étudiants associés, mais aussi de textes performés ou lus pendant le temps de l’exposition.
Nous emprunterons La bibliothèque mobile d’Andrea Blum, modulable, qui favorise une lecture en face à face, conçue en 1997 pour L’Observatoire. Envisagée comme un lieu-support disponible pour des projets temporaires, « c’est un prototype qui de par sa conception, se propose d’amorcer des nouvelles relations entre art, communication, et échange interpersonnel. »
Elle est à l’image d’un art discursif qui puise dans la porosité des rapports entre formes plastiques et éditoriales, entre l’image et son énonciation.


Contenu en cours :
« Le Maître ignorant », « Partage du sensible », « Le spectateur émancipé » de Jacques Rancière
« Recherches en ethnométhodologies » de Harold Garfinkel. L’auteur explicite au début de l'ouvrage la technique du "breching" - l'art de faire des brèches dans le décor ou l'arrière-plan pour le dénaturaliser
« Le Singe et la lumière », d’Erik Bullot
« L’entretien » de Thomas Boutoux et Guillaume Leblon
« La pensée complexe », d’Edgar Morin
« Documents poétiques », de Franck Leibovici
« Figures (I-IV)», Gérard Genette
« I’m nobody », Emily Dickinson
Le livre de Joe Scalan, éditions Paraguay (castilo Corrales)
« Merci infiniment », Lowry Malcolm, éditions Allia
« L’interrogatoire » de Dashiell Hammett, éditions Allia
« L’étoile au front », Raymond Roussel
sur : http://www.priceminister.com/offer/buy/5621888/Collectif-L-avant-Scene-Theatre-N-476-Raymond-Roussel-L-etoile-Au-Front-Revue.html
long texte qui parce que les personnages ne font que s’adresser au public, empêchent leur dialogue entre eux.
“Tristram Shandy”, Laurence Sterne. Disgressions incessantes tant et si bien que le roman semble ne jamais commencer.
“Steal This Book”, Dora Garcia. Présenté en pile dans une exposition, le spectateur était invite à développer une stratégie de vol.

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PROGRAMMATION
1. « Circonvolutions » : La Vitrine (Paris, 16 juin au 3 juillet 2010)
La circonvolution est le fait de s’exprimer de façon complexe, spécialement en tournant autour d’une idée centrale, en y revenant toujours. C’est ce que font les artistes de ce premier volet d’exposition : tourner autour du sujet sans jamais le livrer complètement.
La puissance évocatrice des mots, leur réalité. Dire c’est faire exister.
Cette première partie de l’exposition fonctionnera par une série de projections de films et de performances. Tel un écran en veille en attente d’activation, l’exposition invitera le spectateur à consulter la bibliothèque le temps des deux semaines de l’exposition, à s’installer dans le dispositif d’exposition et à assister aux différents évènements qui l’activeront.
D’un film narratif qui sonde une série de lieux désertés, incarnés par des voix féminines, à la description d’interviews manqués dans une trilogie de films aux accents documentaires, mettant en scène un même personnage, en passant par des performances qui déjouent l’adresse au spectateur, en empruntant des dérives narratives, les œuvres qui composent le premier corpus des « Interlocuteurs » ont toutes en commun de résister à la compréhension du spectateur tout en ne cessant paradoxalement de tendre vers lui. Elles tournent autour du pot et se refusent à livrer l’« objet » de l’histoire qui n’a pourtant de cesse de nous être racontée.

Film : Jeanne Faust (artiste)
Trilogie de films mettant en scène Lou Castel, acteur français fétiche de Rainer Werner Fassbinder et de Philippe Garrel, entre autres. Dès le premier film, la réalisatrice et l’acteur campent deux rôles bien définis : ceux de la jeune première et de la vieille star grincheuse, créant une atmosphère inconfortable qui souligne notre soif d’authenticité et de réponses « vraies ». Les deux autres films déclinent d’autres positions de « l’interviewé ».
> difficile de se figure le contexte de la situation, ses tenants et aboutissants. Ce qui ajoute à l’incompréhension régnante, déjà en tension dans l’échec de dialogue mis en scène

Film : « Oral History », Volko Kamensky (artiste)
L’artiste a demandé à des professionnelles du téléphone rose de lui confier l’histoire (fictive) d’un village qu’elles auraient fréquenté. Leur voix s’appose à de lents travellings qui révèlent à tour de rôle des lieux désertés et artificiels implantés en pleine nature.
La mémoire collective existe-elle ? Et si elle existe: peut-on l’interroger ? La représenter ? Le film, « Oral History » est un reportage au pays des frères Grimm.
> difficulté d’interprétation due à la méthode empruntée. Que sont ces lieux ? qui sont ces voix ? quelle relecture peut-on faire rétrospectivement ? quel degré de fiction et de réalité incarnent ces mots ?

Performance : Jochen Dehn (artiste, performeur)
Sa pratique de performeur prend les formes variées de performances théâtrales en appartement (2004), de combats dans la boue (Mud, 2005), de pièce pour actrice et éléphant (2005), de jeu avec les détecteurs de présence du Louvre (Liquid, 2006) ou d’un hommage à l’invention du velcro (I am you as an explosion, 2005). Par la mise en jeu du corps et de l’espace concret qui l’entoure, Jochen Dehn élabore des formes et des stratégies qui tendent à toujours mieux révéler des zones de contact et ainsi, à réduire la distance qui sépare le corps de ses possibles collisions. Il collabore régulièrement avec Frédéric Danos, Rekolonisation ou Gelitin entre autres.
> il complexifie une situation (qui résultera sur un geste simple du type « rentrer dans un cube d’un mètre cube », en empruntant les voies détournées du storytelling. L’histoire racontée n’est qu’un prétexte, elle est dérive, labyrinthique plutôt que directe et droite, et pourtant permet de mieux assoire le geste réalisé)

A VOIR :Performance : Loreto Martinez Troncoso (artiste, performeuse)
Cet artiste s’intéresse au thème de la disparition, l’écartement, l’inertie et le passage à l’action. Généralement seule, accompagnée de son micro, elle persiste face au public dans l’incertitude et l’hésitation. Elle bégaie, hésite, se tait, affirme et s’énerve puis recommence et finit au milieu d’une phrase. Tenant tête dans un certain malaise contaminateur, elle renvoie volontiers le public au questionnement de sa propre prise de parole. A la Ferme du Buisson en ce moment, Loreto a pour la première fois fabriqué une « pièce sonore » qui est en réalité un enregistrement retravaillé de sa performance, fragmentant par de longs temps de pause intercalés entre chaque interventions, et installant son travail ainsi étiré dans le temps et dans l’espace.
Ø elle créée volontairement des situations de malaise avec le public. Un bug communicationnel. Le spectateur est un peu gêné pour elle. Mais toujours à la limite, du joué et de l’improvisation.

Tableau-collage : Luca Frei (artiste)
Il est à la galerie Balice Hertling. Tableau collage avec l’inscription: « When things stop making sense”.
Il a par ailleurs produit un grand nombre d’espaces scéniques, effeuillé des cloisons, délimiter des espaces au sol aussitôt piétinnés par les spectateurs, suspendu des écrans en bois, supports parfois transparents d’œuvres d’autres, conçu des architectures complexes amenant le spectateur a déambuler dans une espace à la fois du dehors et du dedans.

Ainsi que :
Les étudiants de Cergy
Marcelline Delbecq?
Benjamin Seror ?
Chloé Maillet et Louise Hervé ?
Reto Pulfer ?
Daniel Gustav Cramer?
Lucile Ulrich et Emilie Marc?

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2. « Commentaires » – Ecole des Beaux-arts de Toulouse (du 12 juillet au ?? août)
L’art, bavard, ne cesse d’instruire son propre commentaire. Quand la parole devient un énoncé explicatif. « Parler de », c’est faire aussi.
Cette deuxième partie de l’exposition, qui se greffera à la première, se composera à partir d’œuvres qui prennent en charge leur propre commentaire, ou du moins feignent de le faire et détournent les modalités d’interprétation usuels. Elles font un pas de côté, semblent se regarder pour finalement nous parler d’autre choses que d’elle-même.
Cette exposition s’inscrit dans la lignée de l’expo « Répertoire pour une forme » qui a eu lieu à la vitrine et qui traitait du passage du document de travail à l’œuvre et de comment l’œuvre intégrait et laissait en partie visible son « paratexte », soit ce qui l’entoure, la précède et la conditionne.
Elles sont autant de réflexion sur la transmission de l’art par l’art lui-même, à l’image d’un gardien de Tino Seghal qui répèterait chantant et sautillant un « This is so contemporary ! » à l’entrée du visiteur.
Avec la volonté affichée dans cette exposition de sortir d’une simple transmission pour produire des formes d’échanges et de mises en circulation des savoirs... nous dériverons ensuite logiquement vers la 3ème partie de l’exposition.

Film : « Best short stories about art »
Un film réalisé par Jorge Pedro Nunez, Laetitia Badaut Haussmann, Natalia Marrero (artistes), sur une idée originale de Bernard Marcadé.
Il sera diffusé sur un écran plasma incrusté dans le module, visible par qui veut à n’importe quel moment. Ce film consiste en un montage de 1h10 d’extraits de films populaires qui décrivent une "situation artistique" (dans un Hitchcock, deux voleurs débarquent dans une maison et marquent un temps de pause devant un Mondrian, se regardent sans rien dire et reproduisent la même scène en partant. On y trouve aussi le Batman de Tim Burton, Louis de Funes, etc.). Une histoire de l’art à travers celle du cinéma.

Conférence : Yoann Gourmel et Elodie Royer (commissaires et critiques)
Ils proposeront une conférence, suite à celle qu’ils avaient donné à la galerie Noisy-Le-Sec. A partir d’extraits de textes et de vidéos, "Les informations supplémentaires" évoquaient différents modes et supports de textes généralement associés à l’écriture d’une exposition, à sa réception et à son archive. Cette lecture-projection avait pris la forme d’un récit d’exposition par ses contours.

Pièce de théâtre : « L’entretien » de Thomas Boutoux (galeriste, critique) et Guillaume Leblon (artiste)
Ce livre est une interview entre un critique et un artiste. Elle revêt l’apparat d’une pièce de théâtre et ainsi profite de l’espace de fiction pour articuler une réflexion sur les modes de construction de discours appliqué au champ du commentaire de l’œuvre. Mais à force de penser les modes appropriés du commentaire de l’œuvre, les protagonistes finissent par l’éviter. Jouée par deux acteurs (autres que les auteurs), l’effet de distanciation du commentaire d’avec son sujet d’origine est accru.
> l’intérêt serait de donner lieu à cette pièce de théâtre à l’intérieur de l’exposition, étendant le discours sur les œuvres de l’exposition elle-même, amplifiant ce passage du spécifique à l’universel

Œuvre-objet : Eric Maillet (artiste)
Classeur à fiches plastiques contenant 20 images et 6 critiques. L’artiste a délivré ce même lot d’images à 6 critiques et commissaires différents qui en ont produit une critique très différente. Présentées en feuillet, les lectures entre image et texte peuvent se faire dans tous les sens, multipliant d’autant plus les lectures possibles et proposant ironiquement une critique antipédagogique.

Livre : Nicolas Ramel (artiste)
Un diplomé de l’école d’arts de Cergy qui a sorti une très belle édition fabriquée à partir des notes d'artistes qu’il a collecté pendant des mois autour de lui et qu’il a photographié.

Vidéo: Ryan Gander (artiste)
« Things that mean things and things that look like many things », video
ça a tout l’air d’un documentaire sur le prochain projet de l’artiste, compose d’extraits de son prochain film, d’interview de critique d’art et de lui-même – mais le documentaire lui-même fait office d’œuvre

Sculpture : Joe Scanlan (artiste)
Une table de pic-nic pliable, entre la valise de Duchamp et le gadget de jamesbondien qui contient divers documents-outils de travail ou fragments de pièces qui sont rangés avec application dans des petites boîtes rattachées en dessous de la table.

Diaporama + bande son : Raphaël Zarka (artiste)
Diaporama d'une collection de rombicuboctaèdre que l’artiste mène depuis plusieurs années. Une forme qui est déclinée de toutes les tailles, tous les genres (du lampadaire à la sculpture). Au casque on entend la voix de Didier Semin, ancien professeur d’histoire de l’art de l’artiste, qui raconte l’histoire de cette collection et des objets présentés.

Installation/sculpture : Falke Pisano (artiste)
Pour ses films et conférences-performances au cours desquels elle manipule des objets et s’appuie sur tout un pan de la théorie de l’abstrait. « I make use of an abstract formal language as well as a certain abstraction in the language itself.”
“Constitutive for my work are inquiries into questions involving the practice and production of art. In my recent work I particularly focus on the act of speech in relation to forms of agency and the production of affect.”
Basé sur le fait que l’art est un moment de communication qui emprunte plusieurs formes : objet, performance, texte, conférence. Circulation d’idées, de langages et formes.

Vidéo : Charlotte Moth (artiste)
2 moniteurs tête bêches mettent en scène une femme s’adonnant au commentaire de photo d’architectures, se lançant dans l’interprétation de leur origine, lieu, fonction. Tandis que l’on voit les images des lieux à l’écran d’un côté, ce sont celle de la femme au travail, manipulant les mages sur son bureau, autrement dit « la séance de travail », que l’on découvre de l’autre côté.

Guillaume Desanges (critique, commissaire) - « Child’s play »
Invité à la biennale de Roumanie, il a fait rejouer des performances mythiques d’Acconci, Gina Pane, Abramovic, Bas Jan Ader, etc, par de jeunes enfants.
Composé d’un making off sur écran (son au casque), série de dessins des enfants, d’un film projeté sur grand écran.
Cette instrumentalisation sans visée « pédagogique » a priori des enfants pris tel des « matériaux » est mise à mal par la force de résistance qu’ont imposé les enfants eux-mêmes, obligeant le projet à emprunter les voix de négociation, de trocs et d’apprentissage afin que chacun des « interlocuteurs » y trouvent son compte.

Benoit Maire (artiste)

?? Film : Robert Barry (un des premiers films expérimentaux, dont un avec sorte de dessin animé, gribouillage)

?? Continuous Project (Bettina Funcke, Wade Guyton, Joseph Logan and Seth Price) Parce qu’ils remettent en circulation des publications ou discussions d'artistes des générations précédentes, par le biais du facsimilé ou de la performance.

? Tino Seghal

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3. « Documents parlés » : L’école publique / Printemps de Septembre (sept-oct)
Je proposerais une série de cours données par des artistes, professionnels de l’art et étudiants d’école d’art qui auraient lieu les soirs de la manifestation.
Empruntant la forme de « l’explication » et de la conférence illustrée qu’ils détournent dans un élan d’appropriation et de composition d’une forme originale, nombre d’artistes parlent et incarnent des documents (images ou objets). Comment les artistes performent-ils ces documents ? comment les parlent-ils, les manipulent-ils, se les approprient-ils au profit d’une narration subjective ou d’une reconstruction de l’Histoire ? Quelles relations entretiennent-ils avec la théorie et l’érudition ? Quel « savoir flottant» nous retransmettent-ils ? Qu’apprend-on d’eux ?

L’Ecole Publique de Paris sera délocalisée aux beaux-arts de Toulouse le temps du Printemps de Septembre. Ce cadre souple d’un modèle alternatif d’apprentissage à l’intérieur d’une école d’arts sera l’occasion de donner la parole aux artistes et aux étudiants, ainsi qu’à divers professionnels de l’art ayant expérimenté de manière singulière des modes renouvelés de circulation des savoirs (au sens large).
Les cours seront comme à l'accoutumé proposés d’abord sur le site Internet de l’école publique, discutés en forum et validés par le comité de réflexion (selon l’intérêt, les moyens et les délais), dont je fais parti, puis auront lieu dans la salle de l’exposition, des salles de classe des beaux arts ou La Radio du bout de la nuit.

Présentation de l’école publique :
GLOBAL
L'Ecole Publique est une école sans programme. Pour l'instant, elle fonctionne comme suit : premièrement, des cours sont proposés par le public (« Je veux apprendre ceci» ou «Je veux enseigner cela »), puis, il est possible de s'inscrire pour les cours (« Je tiens aussi à apprendre cela ») et, finalement, lorsque suffisamment de personnes ont manifesté de l'intérêt, l'école trouve un professeur et offre un cours à ceux qui ont signalé vouloir y participer.
L'Ecole Publique n'est pas agréée, elle ne donne pas de diplômes, et elle n'a aucune affiliation avec le système scolaire public. Il s'agit d'un cadre qui prend en charge les activités autodidactes, en partant du postulat que tout est dans tout.
LOCAL
L’Ecole Publique est avant tout un projet artistique et culturel, qui s’inscrit dans une conception pragmatiste de la culture, cherchant à créer des opportunités d’individuation pour tous. Elle part du double principe qu’il est possible de travailler la demande et que l’individu se crée en fabriquant ses propres outils d’émancipation. Plus qu’une transmission des savoirs, il s’agit d’une construction tout à la fois individuelle et collective. Pour ce faire, il convient de prendre en compte le public dans la conception même du projet et de tenir compte du fluide social, c’est à dire des associations qui se font sans cesse entre humains et non-humains. Alors, de nouvelles modalités de travail privilégiant un axe de recherche et d’échanges entre l’artiste et le public peuvent s’inventer.
L’Ecole Publique propose une alternative au format de l’exposition stricto sensu et à ce qu’on a appelle « la médiation » dans le jargon des centres d’art, tout en évitant l’instrumentalisation de l’artiste ou la participation démagogique. Chaque cours est l’occasion d’inventer un nouveau format et de nouvelles connexions et oeuvre à récuser la distance radicale, la distribution des rôles et les frontières entre les territoires. « La distance n’est pas un mal à abolir, c’est la condition de toute communication. », écrit le philosophe Jacques Rancière dans Le Spectateur Emancipé. Il ne s’agit pas de plaire à tout le monde, mais de travailler avec le public le plus large et le plus diversifié possible. S’engager dans la pédagogie ne signifie pas inventer un modèle, mais penser ce que Boris Charmatz appelle « des élans hétérogènes ». L’Ecole Publique redistribue en permanence les rôles. Habitants et commerçants du quartier, étudiants et enseignants de l’université, professionnels, amateurs et acteurs de disciplines variées sont tour à tour maître ou élève. Les frontières entre les territoires sont brouillées par la diversité des participants et la variété même des cours.
Recherche, création, pédagogie et culture se retrouvent articulés au sein d’un projet politique. L’Ecole Publique vise à contribuer à lever les apriori sur l’art tout en ouvrant le champ d’action de la recherche artistique et curatoriale au delà de l’art. Comme le rappelle Bruno Latour dans Changer de société, refaire de la sociologie, « une culture est à la fois ce qui fait agir les gens, une abstraction complète créée par le regard de l’ethnologue, et ce qui est généré au cours des interactions par l’inventivité inépuisable des participants. »
L’école publique va dans le sens d’un accès décloisonné au savoir et d’un dépassement du savoir à la seule transmission.
Le cours pourrait prendre des formes hybrides : conférences, lectures, performances, ateliers, concerts.
L’école pourrait avoir lieu, suivant les propositions, dans le module d’exposition, dans des salles de classes ou investir « La Radio du bout de la nuit », installée dans la cour des beaux arts.

Pour en savoir plus sur L’Ecole Publique: http://playtime.betonsalon.net/playtime2009/index.php?/project/ecolepublique-
de-paris/ et http://paris.ecolepublique.org/ .


« Professeurs » supposés :

Benoit Maire (artiste)
Une conférence en lien avec la pièce exposée l’été ?

Pierre Joseph (artiste)

Aurélien Froment (artiste)
Il avait déjà fait un cours à betonsalon

Alex Cecchetti (artiste, performeur)
La performance « Les joueurs » consiste à inviter un autre artiste de son choix à jouer une partie sans règle. "Armés" d’objets et de matériaux qui sont totalement inconnus de leurs rivaux et du public, les deux artistes combattent pour créer des formes surprenantes et inattendues, visant à définir un unique et imprévisible hybride. Cette situation à prétexte ludique se déroule dans un temps indéterminé où la pratique de l’artiste est confrontée à celle d’un autre et poussée au dialogue à travers une élaboration d’un dialogue composée uniquement de gestes.

Markus Miessen (architecte et critique)
IL a étudié l’architecture et l’urbanisme à la Glasgow School of art et à l’Association d’Architecture à Londres, et a effectué un Master au London Consortium. Il a publié Dis someone say participate? An Atlas of Social Pratice, MIT Press, 2006), The Violence of participation (Sterbeng, 2007), With/without : Spatial Products, Pratics and Politics in the Middle East (Bidoun, 2007). Il a dessiné plusieurs espaces (Archive Kabinett à Berlin, un pavillon de rencontre et projection, conférences, librairie, pour Performa 2009, a créé un espace spécifique pour la Biennale de Lyon 2007 et travaille sur un espace dédié aux archives d’Hans Ulrich Obrist). Il prépare actuellement son prochain livre: The nightmare of participation : Crossbench Praxis as a Mode of Criticality.

Erik Bullot (artiste cinéaste)
Une conférence illustrée sur la ventriloquie.
http://www.lecinemadeerikbullot.com/ventriloquie
http://www.pointligneplan.com/laboratoire-dexposition/87-de-lexposition-des-films-par-erik-bullot

Falke Pisano (artiste)
Théorie de l’abstraction et manipulation d’objet en lien avec la pièce présentée dans l’exposition de l’été ?

Tris Vonna Mitchell (artiste, performeur)
Ce storyteller qui use d’un rythme de parole impressionnant pour raconter lors de performances son processus de travail, ses recherches, ses méthodes tout en y insérant un lot de dérives narratives, nous fait suivre à toute vitesse le fil de sa pensée, mettant ainsi la capacité de compréhension du spectateur à l’épreuve. Devant lui une table sur lesquels sont posés des objets (matériaux ou objets « accompagnateurs ») qu’il manipule de temps, comme pour scander le flux de sa parole et aider (à moins qu’ils ne la complexifient ?) la compréhension de ce qui est dit. L’artiste s’en remet à un minuteur pour sonner la fin de son flot verbal extrêmement maîtrisé.

Ryan Gander (artiste)
Pour son travail sur les modes de médiation

Erick Duyckaerts (artiste)
L’« antipédagogue », qui sous couvert d’emprunter les voix connues de l’apprentissage, se refuse à livrer un simple objet de connaissance.

Performing Memory (collectif de critiques)
ce séminaire proposé par « bo-ring » composé de Virginie Bobin et Julia Klaring est conçu autour de travaux et recherches intégrant la question du document et de sa transmission à l’intérieur même de la pratique de la performance. Au-delà des réflexions sur la documentation de la performance qui ont accompagné son développement depuis les années 70, PERFORMING MEMORY considère la performance comme vecteur d’une possible histoire critique à travers l’usage, l’interprétation et le déploiement de documents (réels ou fictifs).
Le projet prend plusieurs formes dans l’espace et le temps :
- le site Internet www.bo-ring.net (en construction) rassemble une sélection d’interviews d’artistes, chorégraphes, curateurs, historiens de l’art ou critiques qui envisagent les pratiques performatives comme un acte de médiation critique et/ou discutent l’usage actif – la mise en œuvre ? – du document dans ces pratiques.
- les séminaires proposent différents déploiements de cette recherche dans l’espace et le temps, mêlant conférences, performances, projections et mises à disposition de documents selon le contexte de l’intervention. Une version du projet est prévue en Septembre 2010 au Kunstraum Niederrostereich à Vienne (Autriche).

Franck Leibovici (écrivain, artiste plasticien, performeur)
Les mots-clés de cet artiste protéiforme sont : documents poétiques, redescriptions, énoncés flottants, mondes flottants, problèmes publics, collectifs, pratiques publiques, systèmes de notation, médiations et traductions, cartographies. Il s’est intéressé aux "conflits de basse intensité" au sujet desquels il a publié des livres, produit des affiches et des cartes ou orchestré des performances, les "mini-opéra pour non musiciens" (2007-2009). Un d’entre eux consistait à faire chanter un discours de Colin Powell à une dizaine d’amateurs plongés dans le public (annulant ainsi les frontières entre public et spectateur). Ces derniers étiraient tellement le discours d’origine qu’ils le rendait incompréhensible, et suivant un système de contamination des sons - appliquant deux règles : véhiculer sa note dans l’espace pour la donner à son voisin, récupérer celle de celui que l’on rencontre -, créaient un espace vectorisé. Ils faisaient à la fin de la performance tenir étonnamment le silence dans la salle.
Il a également produit des pièces qu’il définit comme des "documents poétiques" (qu’il a théorisé dans un livre éponyme très intéressant) et engage régulièrement des projets en collaborations (dernièrement avec Ernesto Neto et Tal Hadad).

« L’encyclopédie de la parole » (artistes, commissaires, philosophes, chorégraphes, etc.)
Mené et coordonné par Grégory Castéra, Frédéric Danos, Nicolas Fourgeaud, Joris Lacoste, Pierre-Yves Macé, Olivier Normand, Nicolas Rollet et Esther Salmona.
Il existe aussi la pièce sonore « La chorale de l’encyclopédie ». L’encyclopédie consiste en une série de conférences qui prennent comme point de départ des modalités de discours (la cadence, l’adresse, la répétition, le timbre, l’intonation), le théorise et l’illustre par des extraits issus d’émissions de radio, discours politiques, films, etc. « L’Encyclopédie de la parole » est un projet visant à appréhender transversalement la diversité des formes orales. Qu’y a t-il de commun entre des paroles issues de la poésie sonore, de discours politiques, de conversations courantes, de publicités, de rituels religieux, de leçons de danse, de commentaires sportifs, de messages de répondeurs, de dialogues de théâtre ou de cinéma ? » L’Encyclopédie de la parole propose depuis 2007 des séances d’écoute où sont donnés à entendre toutes sortes de documents parlés, proposés par un groupe mobile de collecteurs et composés par un artiste sonore.
A voir aussi « W » par le même groupe (autour de Joris Lacoste)

Voir aussi des écoles :
The parrallell school of art
The Free Acadamy
The Blue Mountain (fondée par Piero Golia) à Janus. DNT Foundation.
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WORKSHOP
Pour La Vitrine, 7 étudiants de l’école d’arts de Cergy, de l’Atelier de Recherche et de Création « Voix(re) » de Marcelline Delbecq, produiront des textes, qui pourraient être selon, lus ou performés, durant la première partie de l’exposition.
Pour le Palais des Beaux-arts de Toulouse, des étudiants de l’école produiront un objet éditorial, sorte de catalogue libre de l’exposition, reposant les bases du commentaire et de la communication d’exposition, cherchant à en renouveler les formes de médiation.

WORKSHOP A TOULOUSE
« Les Interlocuteurs » repose sur deux workshop, un avec les étudiants des Beaux-Arts de Toulouse, l’autre avec ceux de l’ENSA Paris-Cergy. Les deux groupes d’étudiants seront impliqués dès la conception du projet et seront mis en relation entre eux.

Tandis que les étudiants de Cergy produiront des textes/lectures/performances à La Vitrine, ceux de Toulouse réfléchiront à la forme adéquat à donner au commentaire de l’exposition, à sa médiation, cherchant une forme singulière à donner aux supports de communication (cartels, plan de l’exposition, communiqué de presse, catalogue)

1. Le projet de recherche : L’œuvre commentaire. De la périphérie au centre : quelle position adoptée ?
Le workshop développera une réflexion, menée avec les étudiants, sur les formes d’implications de la parole sur l’art.
Comment l’art peut-il résister à une forme de médiation et de communication formatée et sclérosante pour l’œuvre elle-même? Le but est d’amener les étudiants à penser la question de l’apprentissage en général à travers celle du commentaire et donc de la transmission de l’art en particulier. Quelle forme donner au commentaire de l’art, de l’œuvre d’un artiste ou d’une exposition ? Doit-on transmettre quelque chose ? S’agit-il de traduire, révéler, poursuivre ou décrypter l’œuvre ? De quelle manière faire circuler un savoir liée à une oeuvre ? Existe-t-il même un « savoir » de l’œuvre, comme il existe une connaissance véritable d’un objet scientifique ? L’enseignement doit-il se concevoir selon un mode binaire de donner-recevoir ou peut-il être multidirectionnel et détaché de l’objet de connaissance (devenant alors davantage affaire de volonté et d’appropriation d’un savoir) ?. La relation d’autorité professeur/élève peut-elle être mise à mal au profit d’un apprentissage concomitant et collectif, voire « créatif » ?
Des "Maîtres fous" de Jean Rouch au "Maître ignorant" de Jacques Rancière, de l’histoire des modes d’apprentissage alternatif (du Black Mountain College à The Public School et The Mountain School of Art en passant par la Free International University of Creativity and Interdisciplinary Research de Joseph Beuys), d’expériences réalisées dans d’autres disciplines (« Bocal » du chorégraphe Boris Charmatz), ou de formes créées par des artistes (Mike Kelley, Eric Duyckaerts, John Bock), il me semble judicieux d’aborder ces questions dans le cadre d’une exposition qui prend racine dans les bâtiments de l’école. D’abord par ce qu’elles sont liées au propos du projet d’exposition, ensuite parce qu’aujourd’hui la question de l’éducation est au cœur des enjeux politiques, parce qu’elle l’est également dans l’art contemporain, maintes fois prise en charge par les artistes, enfin parce que les étudiants sont les premiers concernés par cette problématique.
Le workshop sera en lui-même conçu comme un espace d’échanges et d’élaboration collective. Il sera à l’image d’un apprendre « avec » plutôt que « de » pour permettre la circulation des formes et des idées.

2. Méthode de travail
Plusieurs sessions courtes (de deux ou trois jours) sont organisées. Le suivi est cependant assuré régulièrement par mail ou un blog que nous créerons pour l’occasion. Le professeur Yves Caro coordonnera un groupe de 10 étudiants sur place.

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LE CALENDRIER
1ère Session - 4 et 5 mars : Sélection des étudiants, élaboration théorique et circonscription du terrain de recherche de l’exposition
- Explication du projet, exposition de certaines pièces dont des films.
- Leur participation se fera à plusieurs niveaux : la mise en espace de l’exposition, un objet éditorial commun repensant la forme de médiation de l’exposition, l’accompagnement général des invitations faites aux artistes, au choix des pièces
- Mise en place du blog
2ème Session - 9 et 10 mars : venue des étudiants de Toulouse à Paris et rencontre des étudiants de Cergy
› Discussions et articulation des deux expositions de La Vitrine (Paris) et de Toulouse.
>point sur recherches sur artistes et théoriciens (seghal, rancière, maire, pisano, joseph)
3ème Session – 1 et 2 avril : les hypothèses de travail
› choix définitif des artistes à inviter, des pièces et des performances.
› conception du dispositif d’accrochage : sa forme, son matériau, son fonctionnement « actif », son coût.
› diffusion et stratégie de communication à développer en fonction du catalogue produit
> avancée du catalogue
4ème Session : 12 au 14 mai : le catalogue et la mise en espace
› outil de médiation: rassemblement des propositions et fabrication du catalogue de l’exposition
5ème session : 10 juin : Le montage de l’exposition
Début juin : les étudiants de Cergy participeront au montage de l’exposition à La Vitrine, encadrés par Guillaume Segur et moi-même. (construction du module central de l’exposition.)
Fin juin-début juillet : les étudiants de Toulouse participeront au montage de l’exposition à l'école des beaux-arts . Ils seront encadrés par des monteurs professionnels et moi-même. Le montage comprendrait également la gestion du prêt des oeuvres, des assurances, des transports. Les étudiants prendraient en charge la communication (comprenant la fabrication et l’envoi de ses supports d’invitations mais aussi l’édition mentionnée ci-dessus) ainsi que la médiation de l’exposition (qui pourrait aussi prendre un aspect performatif).

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ÉCHANGE AVEC UNE STRUCTURE VOISINE : LES ATELIERS DES ARQUES
Durant le temps du workshop, j’aimerais profiter de la proximité géographique des Ateliers des Arques, et de la proposition de la commissaire Cécilia Becanovic, qui consiste à plonger les artistes dans une situation à la « Robinson Crusoe », pour imaginer une relation possible entre l’équipe de la résidence et les étudiants du workshop. Cela pourrait être léger et prendre la forme d’un ou deux rendez-vous : une visite des étudiants de Toulouse aux Arques et peut-être des artistes à l’école des beaux-arts Ceci permettrait de développer les liens de l’école avec un projet d’art contemporain
de sa région, de mettre au contact les étudiants avec des artistes d’une autre génération ainsi qu’avec une situation de production professionnelle répandue, celle de la résidence.
Je suis proche par ailleurs de la commissaire et des artistes invités (Julien Prévieux, Charlie Jeffery, Virginie Yassef, Jochen Dehn, etc.), ce qui facilitera l’organisation d’un échange entre nos deux structures.
L’équipe de la résidence est invitée à faire une exposition également pour le Printemps de Septembre. Robinson Crusoe étant la figure du candide déserté, la commissaire et les artistes pourraient également penser à un cours à donner à l’ECOLE PUBLIQUE.
> j’y serai du 18 avril au 2 mai. Les étudiants pourraient venir passer une journée ou deux?

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++ note :
quelques artistes s’inscrivent dans le projet. A voir si on présente une pièce, une forme documenté dans la bibliothèque ou le catalogue, ou s’ils ne servent indirectement la réflexion menée sur l’exposition :
Bruce Nauman: « violon violent silence ». un repas amoureux qui se répète jusqu’à ce que l’un finisse par tuer l’autre
Janet Cardiff: son expo au MACBA refaite à la chapelle à toulousee : une travail de spatialisation sonore, avec une série d’enceintes + Projet au casque de déambulation dans la ville de Londres. Projet produit par Artangel.
Tino Seghal
Tony Oursel
Le cv déclamé dans le métro par Fayçal Baghriche
Le managing artist de Martin Le Chevallier qui demande à une agence d’expertise de lui écrire le scénario à suivre pour assurer sa notoriété > voir son site
Parreno/Obrist : Il Tempo del Postino. Le premier opéra du monde créé par les artistes !
L’exposition vide et performée par les artistes organisée par Rirkrit Tiravanija
Vincent Madame > http://www.myspace.com/vincentmadame
www.vvork.com